Dans les différents hôpitaux et cliniques de Genève, un quart des hospitalisations des 10-24 ans en 2021 étaient dues à des problèmes psy, selon l'Office cantonal de la statistique. Cela représente une hausse de près de 30% sur une année.
Cette augmentation des hospitalisations avait déjà commencé avant la pandémie, dès 2017, mais elle s'est fortement accélérée en 2020. D'après Rémy Barbe, responsable de l'unité d’hospitalisation du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent aux HUG, le phénomène est observé au niveau mondial et il est, pour l'heure, difficile de lui attribuer une cause spécifique.
"Déstigmatisation"
Des phénomènes d'anxiété liés à la pandémie et à l'avenir, notamment en matière climatique, peuvent jouer un rôle, mais la réalité est sûrement plus complexe. Et Rémy Barbe évoque aussi un regard qui a pu évoluer sur la santé mentale, et une société peut-être plus à l'écoute.
"De manière générale, les jeunes sont peu demandeurs, donc la proportion des jeunes qui sont pris en charge est faible par rapport à ceux qui ont des troubles", explique-t-il mercredi dans le journal de 12h30 de la RTS. Or, avec la pandémie, les problèmes de santé mentale ont été très thématisés. "Donc on peut imaginer qu'il y a eu une sorte de "déstigmatisation". Finalement, peut-être que les jeunes vont moins bien, mais surtout, ils accèdent plus au soins!"
Différences selon le sexe
Dans le détail, les statistiques indiquent que les filles et les jeunes femmes sont plus concernées que leurs homologues masculins, et que l'écart entre les sexes s'est creusé ces dernières années.
En 2021, elles étaient plus de 860 à avoir séjourné à l'hôpital pour des troubles psychiques, contre un peu plus de 500 chez les garçons et les jeunes hommes. Les causes sont aussi différentes: les femmes âgées de 10 à 24 ans affichent particulièrement des troubles de l'humeur (par exemple de dépression), tandis que chez les hommes, ce sont les troubles psychotiques, comme les troubles délirants ou la schizophrénie, qui sont la principale cause des hospitalisations.
Là encore, c'est lié à des facteurs multiples et des réalités complexes, souligne Rémy Barbe, qui rappelle que de manière générale, les femmes consultent davantage que les hommes.
Prise en charge garantie à Genève
Le médecin précise toutefois que la situation reste sous contrôle à Genève. "Globalement, il y a une augmentation des listes d'attente et c'est parfois un peu plus difficile de trouver une prise en charge, mais on arrive relativement bien à répondre. Il est toujours possible de trouver des places disponibles en hôpital, grâce notamment à un mode d'organisation qui a permis de réduire les durées d'hospitalisation."
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Gabriela Cabré/jop