Le candidat MCG Philippe Morel nie avoir privilégié un riche émirati lors d'une greffe du foie
Selon Heidi.news, Philippe Morel aurait reçu un blâme de Swisstransplant, l’organisme qui coordonne ces délicates opérations en Suisse, pour cette affaire, qui aurait suscité des enquêtes internes et "hante encore les HUG", sans jamais avoir été ébruitée hors de la sphère médicale jusqu'ici.
Le média en ligne s'appuie sur "de multiples sources concordantes", notamment le témoignage d'un médecin qui confie aussi avoir "honte" de ne pas avoir parlé plus tôt, ainsi que le protocole lié à cette transplantation. Le document indique que le foie a d'abord été proposé à Berne, qui l'a refusé faute de donneur adéquat, avant que Philippe Morel ne le réclame pour son patient émirati.
Ce patient n'était pourtant ni domicilié en Suisse, ni assuré dans le pays et il souffrait d'une cirrhose sévère nécessitant habituellement six mois d'abstinence alcoolique avant la transplantation. Les conditions n'étaient donc pas remplies pour qu'il reçoive l'organe. Dans le même temps, le foie a été réclamé pour un patient hospitalisé à Zurich, en liste d'attente et dans un état critique.
L'un vit 15 ans, l'autre décède
Le patient émirati en a pourtant hérité finalement, sur ordre de Philippe Morel, indique Heidi.news, qui se réfère à une note manuscrite en bas du protocole de coordination. L'opération a été un succès et il a vécu 15 ans de plus, tandis que le patient zurichois, lui, est décédé peu après.
L'enquête de Heidi.news ajoute aussi que le chirurgien aurait proposé des cadeaux à plusieurs personnes de l'équipe ayant participé à la transplantation, de la part de la famille du receveur.
Dans une enquête menée en 2013, la fondation Swisstransplant aurait affirmé que le foie, une fois arrivé à Genève, n'aurait ensuite plus été transférable vers Zurich. En 2016, pourtant, un rapport au sujet de cette greffe est exhumé des archives de Swisstransplant. Il s'avère très critique envers Philippe Morel et conclut que, puisqu'un receveur à Zurich pouvait bénéficier du foie, l'organe n'aurait pas dû être transporté à Genève, un comportement décrit comme "illégal" et en violation des "accords" dans le document.
Sollicité par plusieurs médias, Swisstransplant a de nouveau pris position vendredi, livrant une nouvelle version qui contredit ce précédent rapport. La fondation a répété s'être penchée de manière intensive, et ce dès 2006, sur les faits reprochés à Philippe Morel. Les incidents ont été examinés par un service de médiation, précise aussi l'organisation. "Les résultats de l'enquête présentés en 2007 ont montré qu'il y avait certes eu un comportement erroné en matière de communication de la part des spécialistes impliqués, mais que la transplantation pouvait être qualifiée de pertinente sur le plan médical", affirme Swisstransplant.
Plainte du MCG
Interrogé vendredi dans le 12h30 de la RTS, le chirurgien a fermement nié les accusations et réfuté tout favoritisme. "Il n'y a pas d'erreur. Ce patient était, en Suisse, le seul receveur compatible avec un foie dont les qualités médicales n'étaient pas optimales du tout." Il se dit en outre "très étonné qu'un problème qui semble avoir eu lieu en 2006 revienne maintenant à la surface une semaine avant les élections cantonales, un délai qui va évidemment m'empêcher de réunir tous les documents nécessaires pour prouver que ces allégations sont totalement fausses".
Philippe Morel estime toutefois qu'il n'aura pas de problèmes à obtenir la confiance de la population genevoise s'il devait être élu et hériter du Département de la santé. "Plus de 25'000 patients m'ont fait confiance au cours des années - c'est le nombre d'interventions chirurgicales que j'ai effectuées. Je suis totalement investi avec honneur et éthique dans mon activité professionnelle. La bassesse de cette attaque, qui ne restera pas sans réponse, me sidère", a-t-il conclu.
Le MCG a annoncé vendredi dans un communiqué le dépôt d'une plainte pénale pour calomnie, et accessoirement diffamation.
Heidi.news justifie sa démarche
Dans un communiqué publié jeudi, Heidi.news justifie sa démarche. "Comme journalistes, nous allons être accusés de nous acharner sur un candidat qui est aussi un brillant chirurgien", explique Serge Michel, rédacteur en chef cité dans le communiqué.
"Mais il est logique et d'intérêt public que les projecteurs se braquent sur ceux qui briguent la plus haute fonction élective à Genève", ajoute-t-il.
Sujets radio et TV: Gabriela Cabré, Marc Menichini et Camille Rivollet
Texte web: Vincent Cherpillod