Un nouveau détenu a été placé dans la prison controversée de Favra

A Genève, la prison de Favra n'est pas définitivement fermée. En effet, après le transfert de six détenus du centre cette semaine vers d'autres établissements pour cause de conditions de détention "inadéquates", la justice a décidé vendredi de placer un nouveau détenu dans ce même centre.

Le jugement de la Cour souligne tout d'abord que la prison est désormais équipée d'un accès internet pour les détenus. C'était justement ce manquement qui avait été décisif dans le transfert de six occupants vers d'autres centres plus tôt cette semaine.

>> Plus de détails dans notre article : Les détenus du centre de détention de Favra ont été transférés ailleurs

L'absence de connexion internet violait la liberté d’opinion et d’information, ce qui rendait le centre de Favra incompatible avec la détention administrative.

Détenu absent lors du suicide

Autre point souligné par la justice: le nouveau détenu n'était pas présent lors du suicide qui a eu lieu le week-end de Pâques. Même s'il est installé dans la cellule voisine de celle du drame, cela ne justifie pas une mise en liberté, argumente la cour.

L'avocat du détenu estime que cette décision viole le droit d'être entendu de son client. Il ne prendrait pas en considération sa dépression et le fait que le récent suicide le hante. L'avocat va faire recours dès lundi.

>> Lire à ce sujet : Le mort de trop en détention à Genève, clament des associations

Sujet radio: Anouk Pernet
Adaptation web: hkr

Publié le 29 avril 2023 à 16:14 Modifié le 8 mai 2023 à 15:06

"C’est une maison hantée"

Favra est l'établissement de détention administrative à Genève où sont enfermées les personnes étrangères en attente de renvoi. Mais depuis plusieurs semaines, les conditions de détention sont vivement critiquées.

"C’est une maison hantée, c’est une maison fantôme, c’est la même chose que ce que l’on voit dans les films d’horreur", a expliqué un détenu que la RTS a pu joindre. "C’est une cage à poules de 4 mètres sur 4. Il n’y a même pas de grillages, mais de petits barreaux en métal. On ne voit même pas les oiseaux".

Favra est un établissement qui ne répond toujours à aucune norme en matière de détention administrative

Marc Morel, membre de la Ligue Suisse des droits de l'Homme section Genève

Fermer la prison?

La décision de reprendre les placements à Favra est incompréhensible pour la Ligue suisse des droits de l'Homme. Comme d'autres associations, elle estime qu'il faut fermer cette prison et dit être prête à aller jusqu'à la Cour européenne des droits de l’Homme pour le faire.

"Apparemment, Internet a été installé. En dehors de cette mesure-là, rien n’a changé", rapporte Marc Morel, membre de sa section Genève. "Favra est un établissement qui ne répond toujours à aucune norme en matière de détention administrative", critique-t-il.

Pas suffisamment d'alternatives

Selon les autorités, il n’y a pas suffisamment d’alternatives à Favra. Elles précisent également que cette détention n’est pas illégale.

"On peut accepter deux à quatre mois de placement, mais je conviens parfaitement qu’au-delà, ça devient intolérable. Le cas échéant, il faut déplacer les personnes ou trouver d’autres solutions", a convenu Mauro Poggia, conseiller d’Etat genevois en charge de la Sécurité.