La scène a été filmée lundi soir vers 17h50 par un habitant du quartier, des images que la RTS a pu se procurer.
Sur la vidéo, la caméra zoome sur la cour d'un immeuble de la rue Fendt, dans le quartier des Grottes. On y voit une voiture de patrouille et, juste à côté, deux policiers aux prises avec un homme. Ils le plaquent au sol, le maîtrisent.
La situation semble sous contrôle quand soudainement un troisième agent arrive en courant. Il s'approche alors de ses collègues et assène un coup de pied dans le haut du corps de l'homme à terre, puis un deuxième, avant de s'arrêter aussi soudainement qu'il est arrivé. Il aide ensuite ses collègues à continuer à maîtriser l'individu.
Police appelée pour une bagarre
La police avait été appelée un peu plus tôt pour une bagarre survenue au Quai 9, le local contrôlé d'injection de drogue de Genève. Sur place, plusieurs personnes désignent cet homme comme l'un des protagonistes. Au moment où les policiers tentent de contrôler son identité, il prend la fuite, mais il est rattrapé un peu plus loin dans la cour de la rue Fendt.
Comment le policier incriminé justifie-t-il ses coups? Selon les informations de la RTS, il aurait été interpellé par une passante choquée par cette scène. Le policier, un jeune homme en tout début de carrière, aurait alors indiqué que l'homme à terre était muni d'un couteau. Toujours selon des sources concordantes, il aurait ensuite noté dans son rapport d'intervention que l'homme dissimulait ses mains sous son ventre.
Réaction de la police genevoise
Les forces de l'ordre ont pris connaissance de la vidéo mardi matin. La commandante de la police Monica Bonfanti, qui a visionné les images, a décidé de saisir l'Inspection générale des services, l'IGS, la police des polices. Une enquête est désormais en cours.
L'IGS devra déterminer si ces coups peuvent être justifiés dans le cadre de cette arrestation. Alexandre Brahier, porte-parole de la police genevoise, rappelle le principe de proportionnalité que doit respecter la police. Il refuse toutefois de commenter l'affaire, l'enquête étant encore en cours. L'affaire est toutefois prise au sérieux à l'interne, selon les informations de la RTS.
Hausse des dénonciations pour violences policières
Ce n'est pas la première fois que la police genevoise fait face à des accusations d'usage excessif de la force. En effet, récemment, des militants se sont plaints de violences accrues lors de manifestations.
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D'un point de vue statistique, les dénonciations pour violence policière ont bondi de 120% en 2022, mais moins de 10% de ces plaintes finissent par une condamnation pénale.
Pour Mauro Poggia, conseiller d'Etat de tutelle de la police, il s'agit là d'un cas isolé. "Cela me met en colère. Ce genre de geste jette l'opprobre sur tous les policiers qui travaillent consciencieusement", a-t-il réagi auprès de la RTS.
En outre, selon lui, la police n'est pas plus violente à Genève qu'ailleurs. "A Genève, la police est certainement mise davantage sous pression qu'ailleurs. Cela ne justifie rien mais cela peut expliquer qu'à un moment donné il y a des comportements qui excèdent la violence proportionnée".
Mohamed Musadak/hkr