Plusieurs villes en Suisse romande ont déjà fait le pas, mais Genève fait encore figure d'exception avec sa vieille ville souvent traversée par des voitures. Selon une étude menée l’année dernière et mandatée par la Municipalité, plusieurs rues interdites au trafic sont encore trop empruntées par des véhicules motorisés.
Par exemple, plus de 1000 voitures par jour en moyenne ont été observées sur un de ces axes l’année dernière. Plus de 80% des véhicules n’y étaient pas autorisés. Les habitants du quartier ont alerté les autorités, qui proposent aujourd'hui de piétonniser les lieux.
Crispation chez les commerçants
La stratégie présentée par la Municipalité est de limiter fortement les horaires d'accès au centre historique pour les ayants droit dont font par exemple parties les livreurs. Le projet prévoit aussi de supprimer des places de stationnement. Si aucun recours n'est déposé, la vieille ville pourrait officiellement devenir piétonne dès cet automne. Le Conseil municipal devra également se prononcer sur une demande de crédit des autorités afin de changer les bornes d’accès au centre historique de Genève.
Ces changements inquiètent une partie des commerçants. "On a quand même des livraisons à faire", détaille Ueli Rupf, tenancier d'un magasin d'articles de cuisine. Même s’il reconnaît que certaines rues étroites, comme la Grand-Rue, devraient être piétonnes. Marie-Laure Rondeau, directrice d'une galerie d'art, craint de perdre des clients. "On ne peut pas demander à nos acheteurs de porter des tableaux à bout de bras".
Les autorités tentent de rassurer les commerçants et espèrent les convaincre. "Il faudra faire la démonstration qu'il n'y a aucun risque pour eux. Au contraire, ils auront plus de clientèle", défend Frédérique Perler, la magistrate en charge du dossier dans La Matinale de la RTS.
Un point de vue appuyé par Nicolas Bebay, professeur à la Haute Ecole de gestion Arc, qui a accompagné plusieurs villes dans des processus de piétonnisation. "C'est vraiment important de pouvoir bénéficier d'un centre-ville piéton. Cela augmente l'attractivité des lieux, tout en augmentant la fréquentation des magasins", indique-t-il dans La Matinale.
Une tendance en Suisse romande
La démarche de rendre piéton les centres-villes a déjà été entreprises dans d'autres villes romandes. Neuchâtel applique la mesure depuis 1979. La Chaux-de-Fonds va prochainement bannir les voitures de la place du marché, qui deviendra ainsi la plus grande place piétonne de Suisse. Enfin, Sion a introduit des zones 20 et entend, à terme, supprimer les véhicules motorisés du centre-ville.
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La ville de Bulle (FR) réfléchit également à réaménager son centre. Des études ont été lancées et visent à rendre piétonnes certaines rues. La population est invitée à donner son avis et sa vision par l'intermédiaire d'un sondage en ligne lancé fin avril.
"Ce ne sont pas des grandes rues qui sont concernées pour le moment. C'est peut-être un premier pas, mais d'autres vont certainement suivre plus tard", a déclaré Jacques Morand, syndic de Bulle, dans La Matinale de la RTS.
Sujet radio: Gabriela Cabré
Adaptation web: Emilien Verdon