L'étude a été menée par l'Institut CREA de la Faculté des hautes études commerciales de l'Université de Lausanne, sur mandat de la Fondation pour l'attractivité du canton de Genève (FLAG), créée l'an dernier par des entrepreneurs. Dévoilés jeudi, les résultats dressent un état des lieux de l'attractivité du canton sous l'angle des finances publiques, de la fiscalité, de l'innovation, de la durabilité et des infrastructures à l'aide d'indicateurs économiques.
Ces éléments ont été calculés pour Genève. Ils ont été mis en comparaison avec d'autres cantons, tels que Bâle-Ville, Vaud, Zoug et Zurich, explique la FLAG dans son communiqué.
Gourmande fonction publique
L'analyse montre que la dette publique genevoise représentait, en 2020, 45,4% du PIB contre 18,2% pour la moyenne des autres cantons suisses. En comparaison intercantonale, son montant par habitant s'élève à un peu plus du double de celui de Bâle-Ville et est quatre fois plus élevé que celui du canton de Vaud.
Ce niveau d'endettement s'est construit autour de déficits publics chroniques. En cause des dépenses publiques par résident genevois parmi les plus importantes de Suisse, notamment pour la formation, la sécurité sociale et la santé.
La FLAG pointe surtout une fonction publique gourmande en personnel (près de 15% de plus que dans les cantons de Vaud ou de Zurich) et dont la rémunération est la plus attractive en comparaison.
Système fiscal vulnérable
Le canton de Genève a mis en place un système fiscal social avec des effets redistributifs très importants. Il repose toutefois sur une pyramide fiscale très fragile: 15,2% de la population contribue au paiement de 70% de l'impôt total. A titre de comparaison, cette même proportion s'élève à 26,5% dans le canton de Vaud, à 25,2% à Bâle-Ville et à 23% à Zurich. Cette fragilité rend le système fiscal genevois extrêmement vulnérable, constate la FLAG.
Quant à la productivité de l'économie genevoise, elle a enregistré une croissance positive ces dix dernières années (+2,4%). Elle reste cependant bien en deçà de celle des cantons de Zurich (+4,9%), Zoug (+9,2%) et Bâle-Ville (+46,5%).
Cette différence s'explique par une faible exposition de l'économie genevoise dans les secteurs liés à l'innovation: seuls 21,6% des emplois s'y concentrent. En outre, peu de brevets sont déposés à Genève qui peine à attirer des capitaux pour investir dans des start-up, au contraire des cantons de Zoug et de Vaud.
Sur la période 2014-2022, le taux d'investissement à Genève dans les start-up s'élève à 0,24% du PIB, contre 0,47% à Zurich et 0,74% à Zoug. En revanche, Genève se situe en milieu de peloton lorsque l'on considère le nombre de créations d'entreprises.
Mobilité peu efficace
La population genevoise doit faire face à des loyers et des prix immobiliers plus élevés que dans les cantons sous analyse, en raison du faible taux de logements vacants (0,38% à Genève contre 1,31% à l'échelle nationale), rappelle l'étude.
Quant aux infrastructures de mobilité, elles sont bien moins efficaces que dans les autres cantons. Par heure de déplacement, un Zurichois effectue en moyenne 25,2 kilomètres pendant que le Genevois lui en parcourt 15,8, quel que soit le moyen de transport utilisé.
Réduire les dépenses publiques
Au vu de ces indicateurs négatifs en termes d'attractivité, le canton doit absolument améliorer sa situation, note la FLAG. La diminution de la dette publique genevoise doit être un objectif prioritaire: il passe notamment par la réduction des dépenses publiques courantes. En parallèle, les investissements dans les infrastructures doivent être effectués à brève échéance.
L'étude souligne également la fragilité de l'équilibre fiscal genevois. Il convient d'éviter d'augmenter l'imposition de la minorité de contribuables qui s'acquittent de la grande majorité de l'impôt sur le revenu et sur la fortune, plaide la FLAG.
ats/emve