La faune nocturne prend la pose devant les caméras de zoologues genevois
La nuit, tous les chats sont gris! Mais aussi les muscardins, les putois et autres castors. Cette faune n'attend que le sommeil des humains pour reprendre possession du territoire. L'émission Couleurs Locales a diffusé jeudi des images, prises par des zoologues genevois, de ces mammifères à la vie nocturne bien occupée.
"C'est une autre ambiance la nuit", souligne le biologiste Stefano Pozzi, qui préside la Société zoologique de Genève. "C'est le moment où les animaux essayent de retrouver un peu d'espace. On devrait leur laisser cet espace-là, ne pas trop pénétrer dans les écosystèmes la nuit", soutient-il.
Au cours des siècles, à force d'être dérangés ou chassés, les sangliers et les biches ont pris la nuit pour couverture. Le putois, lui, est naturellement nocturne. "Un animal vraiment énigmatique", pour Stefano Pozzi. "On a remarqué qu'à Genève, il réussissait à débusquer les salamandres pendant l'hiver, là où elles hibernent. Et il les mange, toutes endormies. C'est une particularité locale, parce que les salamandres ne sont pas présentes partout", explique-t-il.
![Les marcassins et leurs mamans s'activent essentiellement la nuit. [RTS - Stefano Pozzi]](https://img.rts.ch/articles/2023/image/wq218v-27658064.image?mw=1280 "Les marcassins et leurs mamans s'activent essentiellement la nuit. [RTS - Stefano Pozzi]")
Un chat que l'eau n'effraie pas
Le chat sauvage, lui, repeuple nos forêts. Il est moins douillet que son cousin domestique. "Il ne craint pas tellement l'eau", observe Stefano Pozzi. "C'est un point qui le distingue du chat domestique. Cela lui permet de naviguer entre les différents écosystèmes en traversant les cours d'eau."
Certains peuplements animaliers sont indésirables. C'est le cas de l'invasif ragondin, qui doit être abattu dès qu'il est repéré. Un sort auquel échappe le castor, monogame et discret. Ce rongeur passe ses nuits à construire sa digue, pour inonder des terres qui deviendront son jardin aquatique.
Circulation routière
La circulation de la faune est limitée par les routes. Mais, entre 1h et 4h du matin, on y observe peu de voitures… mais un fort trafic de mulots. La biologiste du bureau d'études Avis Vert Pauline Dupont les répertorie pour le compte du Service de maintenance des routes cantonales.
"Il sera intéressant de déterminer si la petite faune va réussir à cohabiter avec les êtres humains. Elle longe les routes, qu'elle n'ose pas traverser, ce sont donc des couloirs. Certains rapaces en profitent pour se nourrir", note-t-elle.
Les caméras installées sur les troncs des arbres captent aussi les campagnols. Ce qui permet de vérifier leur densité, en comparant les chiffres au fil des ans. Quant aux muscardins, ils sont arboricoles et très farouches. Ils vivent dans les lisières, avec noisetiers de préférence. Pour les attirer, la biologiste a posé des nichoirs trompeurs.
![Le renard se délecte des petits rongeurs qui peuplent les sous-bois. [RTS - Stefano Pozzi]](https://img.rts.ch/articles/2023/image/a6t519-27658066.image?mw=640 "Le renard se délecte des petits rongeurs qui peuplent les sous-bois. [RTS - Stefano Pozzi]")
"On va mettre en place une ligne de pièges au bord de la route cantonale et, à l'intérieur de ces pièges, de la paille et des vers de farine. On va les laisser toute la nuit", précise-t-elle. Les muscardins qui se sont fait prendre sont identifiés le matin, puis relâchés.
Amoureux de la nature
Mentionnons encore un prédateur de cette petite faune: le renard, dont une caméra oubliée a pu capter les ébats de deux spécimens.
Dans le canton de Genève, la faune s'est diversifiée depuis l'interdiction de la chasse en 1974. Que ce soit au bout du lac ou ailleurs, la présence de nombreux animaux sauvages a de quoi ravir les amoureux de la nature.
"Quand on fait une balade et qu'on voit un animal, cela nous marque. Les émotions viennent et, tout d'un coup, on se sent vivre", s'exclame Stefano Pozzi.
Sujet TV: Chantal Pannatier
Adaptation web: ami
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