Des dizaines de policiers sont intervenus très rapidement pour déloger les militants qui étaient notamment attachés aux avions, a constaté un photographe sur place. La police genevoise a interpellé environ 80 activistes, a indiqué sa porte-parole.
Provenant de 17 pays, les activistes soutiennent Greenpeace, Stay Grounded, Extinction Rebellion, Scientist Rebellion et d'autres organisations de défense du climat, a indiqué Greenpeace. Ils demandent l'interdiction des jets privés.
Des militants ont aussi bloqué l'entrée principale du salon de l'aviation d'affaires, le plus grand en Europe, qui se tient à Palexpo.
Contre les jets privés
Les militants ont collé des mises en garde sur les jets, comme celles qui existent sur les paquets de cigarettes, du type "Les jets privés détruisent notre planète", "brûlent notre avenir" ou encore "aliment les inégalités".
Alors que Genève connaît un trafic de jets privés très importants, les militants relèvent que l'aéroport d'Amsterdam Schiphol va interdire les jets privés dès 2025.
Selon Greenpeace, les vols privés produisent environ dix fois plus d'émissions de gaz à effet de serre par passager-kilomètre que les vols commerciaux. S'y ajoutent la pollution aux microparticules et sonores. Les jets privés sont toutefois exclus des principales réglementations européennes visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. La flotte mondiale a plus que doublé en 20 ans.
Interruption du trafic aérien
Les activistes ont déclaré ne pas vouloir perturber le trafic aérien commercial à Genève Aéroport. Mais, pour des raisons de sécurité, le trafic aérien a été interrompu dès 11h40, a fait savoir le porte-parole de Genève Aéroport. Il a repris progressivement une heure plus tard.
Sept vols ont dû être déroutés vers les aéroports de Zurich et de Lyon et d'importants retards vont affecter les vols vers et de Genève jusque dans la soirée, a précisé le porte-parole.
Genève Aéroport indique son intention de déposer plainte, "comme l'ont annoncé également les organisateurs de EBACE et plusieurs exposants sur le tarmac." De leur côté, les organisateurs du salon dénoncent une forme de protestation "inacceptable". Ils relèvent que l'industrie de l'aviation d'affaires a réduit ses émissions de 40% en 40 ans, et vise une réduction complète d'ici à 2050.
doe/ami avec ats
Faut-il interdire les jets privés ou les rendre plus durables?
Dans Forum, Charles Hergott, le fondateur du label Fly C2LEAN, un réseau d'aviation à faible émission de carbone, et Fanny Eternod, porte-parole de Greenpeace en Suisse, ont débattu de l'action des militants du climat à Cointrin, mais surtout de l'impact environnemental des jets privés.
Charles Hergott, qui se trouvait mardi au salon à Genève, dit avoir "du mal à comprendre" les militants du climat. Selon lui, l'aviation d'affaires ne représente qu'une part infime des émissions de CO2. Il avance le chiffre de 0,04%. A ses yeux, ce mode de transport est, en revanche, "un outil extraordinaire pour l'économie".
Il ne faut donc pas interdire les jets privés à ses yeux, car ce secteur emploie directement "des centaines de milliers de personnes" et participe à la création d'autant d'autres places de travail. D'après lui, le secteur a conscience du problème climatique et agit pour réduire ses émissions, espérant atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Des recherches permettent d'innover, notamment dans la captation de CO2, afin de ne pas revenir à "l'âge de pierre", c'est-à-dire renoncer à voler.
Interdire le transport "le plus polluant par passager"
Fanny Eternod, de son côté, déclare que "les jets privés sont le mode de transport le plus polluant au monde par passager et par kilomètre". Elle évoque une augmentation de 63% des vols de ces engins en Europe et de 64% en Suisse. Demandant d'agir par tous les moyens pour réduire les émissions de CO2, elle réclame l'interdiction des jets privés, "qui ne concernent qu'une infime partie de la population, mais qui ont des conséquences sur le monde entier". "Il s'agit de ne plus jouer avec le climat", lance-t-elle également.
Concernant l'innovation technique, il y a "beaucoup de greenwashing, notamment avec les compensations carbone", selon la représentante de Greenpeace. D'après elle, il ne faut pas attendre des solutions dans le futur, par exemple que des arbres poussent ou le développement de carburant durable, pour réduire des émissions d'aujourd'hui.