Des jeunes en décrochage scolaire montent sur la scène du Théâtre de Carouge

Du 25 au 27 mai, le Théâtre de Carouge accueille Scène active, un projet de participation sociale et culturelle en lien avec les arts de la scène. Dans les loges du théâtre carougeois, les quarante jeunes, âgés de 17 à 25 ans et tous en décrochage scolaire, s'activent pour préparer leurs trois représentations. Dernières vocalises, derniers réglages en régie.

Durant une année, ils ont conçu un projet artistique de A à Z. Ecriture, costumes, décors, chorégraphies, musique... Résultat: une pièce de théâtre intitulée "Les nuits 100 problèmes", et dont l'histoire met en scène un cabaret qui accueille "toutes les personnes en galère".

Des vocations

Une aventure humaine en somme, où l'objectif était de se construire, mais aussi se découvrir, avec parfois des vocations à la clé. "Ça m'a changé, parce qu'au début je voulais être techniscéniste, donc faire tout ce qui est derrière la scène. De base, je suis très réservé et ici j'ai réussi à faire du théâtre une vraie passion. Désormais, je veux faire des études de théâtre", confie Alan, qui joue le rôle de Carlita, l'extravagante tenancière de cabaret.

L'organisation de cette pièce a aussi permis de donner un cadre aux participants. "Je me levais à l'heure que je voulais. Je me couchais à l'heure que je voulais, se remémore Loua dans le 19h30. Là, on a des horaires qui sont donnés à l'avance (...), on va caler notre rythme de vie sur ça et je trouve que ça m'aide à être stable."

Et la jeune fille de 17 ans de se réjouir: "Je trouve que c'est génial. Moi je suis contente, je sais ce que je vais faire plus tard, c'est ce que ce spectacle m'a apporté. Ça permet de mieux se construire."

Un changement d'attitude

Posture qui a changé, curiosité, envie d'y croire et confiance en soi, pour Desiet, la création de ce spectacle lui a permis de révéler son vrai visage. "On ne m'a jamais laissé l'opportunité de montrer qui j'étais vraiment, parce que dans la société on doit toujours montrer une image juste pour plaire. Là, c'est l'opportunité de montrer qui on est vraiment."

"Dans ma vie, je n'ai pas toujours été bien entourée, et donc là c'est un peu comme une grande famille. On est tous solidaires. Au début, on ne se parlait pas trop, on était un peu tous dans notre coin, mais finalement on va tous se manquer", analyse encore Erika.

Au final, une vraie troupe de théâtre, entourée par cinq travailleurs sociaux et une équipe artistique de treize personnes. Depuis huit ans, c'est la recette de l'association Scène active pour que les jeunes en décrochage scolaire puisse reprendre le contrôle de leur vie.

Fanny Moille/jfe