Genève pourrait être le premier canton romand à avoir un congé parental

La population genevoise votera le 18 juin sur une initiative des Vert'libéraux pour un congé parental. Le texte prévoit un congé parental de 24 semaines avec la particularité de permettre aux parents de se répartir deux semaines à leur bon vouloir.

L'initiative vise à compléter les seize semaines de congé maternité cantonal par huit semaines en faveur de l'autre parent, y compris les deux semaines de congé paternité fédéral en vigueur depuis 2021.

Sur ces huit semaines supplémentaires, six iraient à l'autre parent qui ne bénéficie pas de l'assurance-maternité et deux semaines seraient réparties comme le souhaitent les parents.

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Craintes de la gauche

La mère, qui bénéficie à Genève de 16 semaines de congé maternité, pourrait donc en avoir deux de plus, laissant ainsi à son partenaire six semaines de congé. Mais elle pourrait aussi réduire son congé à 14 semaines pour permettre à l'autre de bénéficier de plus de congé.

Et c'est un problème pour la gauche, qui estime que cette initiative met en péril le congé maternité genevois. L'autre crainte, c'est que les employeurs n'accordent pas ces congés, car seul le droit fédéral peut les contraindre à le faire. Pour Valérie Buchs, de la Communauté genevoise d'action syndicale, cette initiative est dangereuse.

"Dès l'annonce de la grossesse, les mères vont devoir en parler à l'employeur, qui ne verra pas forcément d'un bon oeil qu'elles maintiennent ce congé de 16 semaines. Donc ils auront tout avantage à faire en sorte qu'elles ne prennent que 14 semaines de congé maternité", estime-t-elle.

La droite optimiste

L'initiative est soutenue par les milieux patronaux et les partis du centre-droit, qui se réjouissent d'une avancée en matière de politique familiale. Selon Aurélien Barakat, président des Vert'libéraux genevois, les entreprises, pour rester compétitives, auront tout intérêt à accorder ce congé. Pour lui, demander 24 semaines, c'est aussi faire le choix du pragmatisme.

"On a vu des votations à Zurich sur 36 semaines qui ont échoué assez massivement, donc c'est vrai que de notre côté, il y a une petite lassitude avec ces échecs", explique-t-il. "Il faut un progrès social, il faut qu'on avance, mais de manière acceptable, par la population et les entreprises", poursuit-il.

Reste que ce projet n'est pas suffisant pour la gauche. Le Parti socialiste genevois avait d'ailleurs lancé en 2019 un projet de congé parental obligatoire de 36 semaines. La gauche n'exclut pas de revenir avec un autre projet si l'objet ne passe pas la rampe le 18 juin prochain.