L'augmentation salariale de 70'000 francs du directeur des HUG suscite la controverse
La rémunération totale de Bertrand Levrat a grimpé cette année de 18% pour atteindre 450'000 francs, soit une augmentation annuelle de salaire de 70'000 francs, révélait mercredi la Tribune de Genève. Cette augmentation a été accordée par le Conseil d'Etat genevois il y a trois ans. Mais face à la controverse qu'elle avait suscitée, en pleine pandémie, le haut fonctionnaire avait préféré y renoncer temporairement.
Pas sûr toutefois que l'accueil soit beaucoup plus favorable dans le contexte actuel. D'autant que les hôpitaux universitaires viennent de réclamer une hausse des tarifs de remboursement de leurs prestations, brandissant le spectre de leur effondrement financier.
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L'ex-ministre genevois de la Santé Mauro Poggia, qui a accordé cette augmentation, argue que Bertrand Levrat était jusqu'alors le directeur le moins bien payé des cinq hôpitaux universitaires du pays. Son salaire n'avait pas été réévalué depuis 2013.
Une "bonne gestion" remise en cause
À titre de comparaison, le salaire net prévu pour le nouveau directeur du CHUV Nicolas Demartines se monte à un peu plus de 430'000 francs. Il a été augmenté dans les mêmes proportions que l'ensemble du personnel, précise le canton de Vaud. À Berne, le président de la direction de l'hôpital de l'Île touche près de 680'000 francs. Son salaire, plus important que celui de son prédécesseur, avait déjà fait réagir fin 2021.
Cette augmentation est difficile à digérer pour les travailleurs et les travailleuses des HUG. "Le personnel est interloqué. Il y a un certain nombre de fonctions dont la réévaluation est bloquée depuis 15 ans", dénonce le secrétaire syndical du SSP Quentin Stauffer.
"Quelles sont les priorités du Conseil d'Etat?", interpelle le syndicaliste au micro de la RTS. "Quand on voit qu'il y a une violation systématique de la loi sur le travail pour le personnel, quand on voit les taux d'absentéisme qui sont très forts, avec une forte souffrance sur le terrain, la bonne gestion, nous, on ne la voit pas, on ne la ressent pas."
Le monde politique gêné
Et face à un tel rattrapage salarial, dans le contexte d'inflation actuel et avec des primes maladie qui pèsent toujours plus sur le budget des ménages ordinaires, les parlementaires fédéraux contactés par la RTS se montrent plutôt critiques, à gauche comme à droite.
Le conseiller national PLR Philippe Nantermod se dit gêné par cette annonce, tandis que le socialiste Baptiste Hurni déplore un signal "pas optimal" pour les coûts de la santé.
Ce n'est pas la première fois que la question des hauts salaires dans le domaine de la santé fait débat, que ce soit pour les dirigeants de caisses maladie ou pour certains médecins spécialistes.
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Romain Bardet/jop