L'avenir des centrales hydroélectriques de Versoix crée des tensions entre l'Etat et les communes
Aux abords de la Versoix, un ouvrage utilise la force de la rivière depuis plusieurs centaines d'années. "On est sur le site d'un ancien moulin transformé au milieu du XXe siècle en centrale hydroélectrique", raconte dans le 19h30 Thibault Estier, exploitant de la centrale hydroélectrique et petit-fils de son constructeur.
Aujourd'hui le maintien de la centrale est compromis, comme celui d'une autre plus petite. Le Conseil d'Etat genevois a décidé de ne pas renouveler leurs concessions après 2032 pour protéger l'écosystème du cours d'eau.
En Suisse, 1400 infrastructures sont disséminées sur le territoire. Elles produisent quatre milliards de kilowattheures, soit 7% de la consommation totale d'électricité.
Source d'énergie propre et importante
Les communes de Versoix et de Collex-Bossy ne comprennent pas la décision du Conseil d'Etat.
"C'est une énergie renouvelable propre. Elle n'émet pas de gaz à effet de serre. C'est peut-être une goutte d'eau par rapport aux besoins du canton, mais par rapport aux besoins de la commune, par exemple de Collex-Bossy, ça représente 22% de cette énergie demandée. C'est presque un quart de l'énergie d'une commune. On peut dire que ce n'est pas négligeable", argumente Jolanka Tchamkerten, conseillère administrative de Versoix.
De son côté, le conseiller d'Etat genevois, Antonio Hodgers, estime que la production des centrales hydroélectriques de Versoix n'est pas assez importante pour les conserver au détriment de la biodiversité. "Ce sont des micro-centrales. On n'est pas du tout sur le barrage de Verbois ou dans les Alpes qui sont plus massives. Ici il s'agit de productions qui servent à couvrir les besoins de 300 ménages. Ce n'est pas rien mais, sincèrement, ce n'est pas la principale source d'énergie du canton."
"On fait un arbitrage dans lequel on doit tenir compte de la nature. On ne peut pas sacrifier la biodiversité ou la nature au nom de la transition énergétique", ajoute-t-il.
Un obstacle pour la biodiversité
Au fil des années, Maxime Prevedello, membre du bureau directeur de la Fédération suisse de pêche, a vu le nombre de poissons diminuer dans la Versoix. Il est certain que cela a un lien avec la présence des centrales hydroélectriques. Le pêcheur souhaiterait que les espèces fortement menacées, comme la truite lacustre ou l'ombre de rivière, soient mieux protégées.
"Pour nous clairement, on ne facilite pas la tâche aux poissons avec ces micro-centrales. Elles sont un obstacle à leur migration", explique-t-il.
Transition énergétique, sauvegarde de la biodiversité, la pesée des intérêts est fragile. Le débat va certainement continuer à faire des vagues.
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Sujet TV: Gianluca Agosta
Adaptation web: Julie Marty