Le constat est sans appel: en un peu plus d'un mois, l'équipe de l'association Première Ligne, qui gère le local d'injection Quai 9 près de la gare Cornavin, a dû appeler plus d'une trentaine de fois la police et les ambulanciers. En cause: le crack, drogue nouvellement arrivée à Genève. Elle provoque une dépendance forte et engendre des comportements agressifs chez ses consommateurs.
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Valable seulement la journée
Cette tension est exacerbée par le rythme de consommation du crack, comme l'a expliqué Thomas Herquel, directeur de Première Ligne, mercredi dans le 12h30 de la RTS: "C'est une consommation qui est extrêmement compulsive et rapide. On a certes un local qui est fait pour l'inhalation, mais plutôt pour fumer de l'héroïne ou des opiacés. Cela prend généralement 30 minutes, les gens ont besoin de calme et de prendre le temps. Avec le crack, ça dure cinq minutes et ils veulent y avoir accès tout de suite, alors qu'il faut réserver sa place. Cela crée une ambiance très difficile pour tout le monde".
A cela s'ajoute une différence due aux effets des drogues: les fumeurs de crack, sur-stimulés, cohabitent mal avec les calmes consommateurs d'héroïne. La décision de Première Ligne de bannir le crack, annoncée mercredi dans La Tribune de Genève, vise donc à protéger le personnel, mais aussi les autres usagers du local. Cette interdiction est uniquement valable durant la journée. L'accueil de nuit continuera à autoriser le crack, car le sleep-in n'héberge qu'une dizaine de personnes, ce qui permet un meilleur encadrement.
Vers des problèmes de voisinage?
Selon la police cantonale, la décision du Quai 9 est une mauvaise nouvelle pour la sécurité publique. "En effet, le Quai 9, en termes de suivi thérapeutique et de point de suivi pour les consommateurs de crack, représentait un 'hub' important aussi pour le lien avec la police", écrit-elle à la RTS. Elle estime que les problèmes de voisinage et de violence pourraient augmenter.
L'association Première Ligne se penche déjà sur d'autres pistes pour encadrer cette population. Selon Thomas Herquel, une solution serait de créer un local spécifiquement dédié au crack. Les discussions avec les autorités genevoises sont en cours.
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Anouk Pernet/jfe