"Sur la base de cette donnée, les compagnies aériennes vont décider si elles maintiennent, annulent ou décalent leurs vols", a précisé Ignace Jeannerat, le porte-parole de Genève Aéroport.
Près de 8000 passagers seront touchés, a-t-il ajouté. Les voyageurs sont invités à prendre contact avec les compagnies aériennes pour connaître les conséquences sur leur vol. Ces vols pourraient être retardés, déroutés ou annulés. Mais il est tout de même recommandé aux passagers de se rendre à l'aéroport.
Cette grève des employés de Genève Aéroport, qui intervient au premier jour des vacances, est regrettable, selon Genève Aéroport, qui attend environ 50'000 passagers pour 394 vols vendredi, l'un des plus gros pics de l'année.
"Des cachoteries", critique le syndicat SSP
Ce conflit social, qui couvait depuis plusieurs jours, trouve son origine dans la refonte de la politique salariale voulue par la direction. Ce projet a finalement été approuvé jeudi matin par une large majorité du Conseil d'administration.
Les employés de Genève Aéroport seront en grève dès 6h00 et jusqu'à 10h00, avait Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical au Syndicat des services publics (SSP). Il s'exprimait à l'issue d'une manifestation qui a rassemblé près de 250 employés et syndicalistes devant l'aéroport pour tenter de faire pression sur le conseil d'administration. La suite du mouvement sera décidée au fur et à mesure par les assemblées de grévistes.
Le secrétaire syndical au SSP a précisé dans Forum que le manque de transparence et l'incertitude inquiètent les salariés de Genève Aéroport. "Le problème est d'avoir pris une décision sans concertation et négociation avec les partenaires sociaux. Il n'y a eu que des séances d'information. Il n'y a eu aucune transparence dans la transmission des informations pour que le syndicat soit en mesure de juger tout cela. Aujourd'hui, aucun employé de Genève Aéroport n'est en mesure de connaître le salaire qu'il aura en janvier prochain. Ce sont des cachoteries."
Un salaire annuel perdu
Selon le syndicat SSP, un millier d'employés sont concernés par ce projet. Pour Genève Aéroport, la nouvelle politique salariale, dont l'entrée en vigueur est prévue pour début 2024, permet d'assurer la pérennité de l'établissement public autonome. Il s'agit avant tout d'adapter les rémunérations par rapport à l'évolution attendue des revenus. Or, ceux-ci devraient progresser beaucoup plus modestement à l'avenir.
De son côté, le SSP dénonce un nouveau modèle arbitraire, basé sur la performance. Le syndicat rappelle que l'aéroport a enregistré un bénéfice de 70 millions de francs et qu'il s'attend à réaliser cette année un bénéfice de 100 millions de francs.
"Les employés risquent de perdre quasiment un salaire annuel, qui fait partie des primes", ajoute Jamshid Pouranpir. "Les échelons salariaux et les anuités vont être extrêmement modifiés et aujourd'hui, aucun employé de Genève Aéroport n'est capable, d'après le document fourni, de savoir quel sera son salaire dans le nouveau système", explique-t-il dans le 12h30 de la RTS.
Réforme nécessaire
Selon Pierre Bernheim, président du Conseil d'administration, la transformation du secteur aérien impose cette réforme. "Il y a d’abord les changements climatiques, des changements dans les habitudes de la consommation des voyages", explique-t-il.
"Il y a également le besoin de préserver nos riverains, qui souffrent du bruit. Il va falloir mesurer le trafic, mieux remplir les avions. Donc on arrive avec tout cela avec une croissance d’à peu près 1%. C’est plus une stagnation", poursuit-il.
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Si les employés sont déterminés à faire la grève, ils ressentent tout de même un certain pincement au cœur. "C'est très triste, on le fait vraiment à reculons", affirme une employée administrative de l'aéroport. Selon elle, les employés sont "complètement dédiés à leur métier " et débrayent "réellement à contre-cœur". "C'est malheureusement la seule façon de faire pour être entendus de notre Conseil d'administration", poursuit-elle.
Augmentations des salaires prévues
Pierre Bernheim affirme aussi dans Forum qu'il y a eu une incompréhension autour de la mesure: "Nous n'avons baissé aucun salaire et aucun salaire ne sera baissé. Au contraire, 250 personnes engagées avec un salaire trop bas seront augmentées. (...) J'aimerais aussi rappeler qu'en janvier 2023, nous avons écouté le personnel et octroyé une augmentation de 5,4% et en janvier 2024, nous allons à nouveau octroyer une augmentation de 2%, un total de 7% donc."
Il s'agit du premier débrayage du personnel employé par l'aéroport depuis sa création en 1919. D'autres grèves ont déjà eu lieu, mais elles touchaient des collaborateurs externes.
cab/boi/juma avec ats
Swiss prévoit d'annuler 13 vols
La compagnie aérienne Swiss prévoit d'annuler treize vols vendredi, alors que onze vols doivent également être retardés, a-t-elle indiqué. Au total, près de 2000 passagers sont concernés.
Tous les vols du matin sont concernés, indique la filiale du groupe Lufthansa. "Swiss a immédiatement commencé à informer de manière proactive les passagers concernés (...) et à leur trouver des solutions adéquates", ajoute-t-elle, assurant "comprendre parfaitement le mécontentement" des passagers concernés.
Easyjet annule 18 vols
Easyjet va devoir annuler neuf rotations (arrivées-décollages), soit près d'une vingtaine de vols au total vendredi, en raison de la grève. Une quinzaine d'autres ont par ailleurs été reprogrammés afin de pouvoir décoller ou atterrir en dehors des heures de grève, a-t-elle indiqué jeudi soir à l'agence AWP.
Les rotations annulées sont EZS 1325/26 vers Nice, EZS 1417/18 vers Olbia, EZS 1503/04 vers Split, EZS 1421/22 vers Cagliari, EZS 1453/54 vers Porto, EZS 8486/87 vers Londres Gatwick et EZS 1493/94 vers Pristina, ainsi que les vols EJU 7865/66 et EJU 7281/82, en provenance respectivement d'Amsterdam et Palma de Majorque.
Les liaisons reprogrammées afin de pouvoir décoller ou atterrir en dehors des heures de grève sont celles à destination de Tel-Aviv, Catane, Belgrade, Mykonos, Athènes, Valence, Brindisi.