Et si la contraception devenait gratuite pour toutes et tous à Genève? Présentée aux médias ce mercredi, une initiative du Parti socialiste genevois demande que le canton prenne en charge tous les frais de contraception, et ce peu importe la méthode (stérilet, préservatif, pilule, etc.).
Tous ces moyens de protection coûtent cher, mais ne sont pas pris en charge par la LAMal, a souligné Thomas Wenger, président de la section cantonale, député et candidat à l'élection au Conseil national.
L'initiative est présentée comme une manière de soulager le porte-monnaie des Genevois, en particulier celui des femmes, puisque la contraception repose encore presque uniquement sur leurs épaules. "La pilule coûte en moyenne 40 francs par mois, un budget important pour les étudiantes", relève l'élu.
Suisse "en retard"
Toutes les interventions du PS à Berne ayant été refusées par la majorité de droite, la section genevoise souhaite que le canton soit précurseur pour faire avancer le dossier en Suisse.
Elle estime que nous sommes en retard sur la question par rapport à d'autres pays. "La pilule peut coûter jusqu’à 14 fois plus cher en Suisse qu'en France", pointe le communiqué du PS genevois. La France qui, depuis 2022, offre également la contraception gratuite pour les femmes de moins de 26 ans.
Moins de grossesses non désirées
Les initiants considèrent aussi qu'il s'agit d'un véritable enjeu de santé publique. La gratuité permettra à chacun d'accéder à la méthode contraceptive qui lui convient, réduisant ainsi les risques de grossesses non désirées et de maladies sexuellement transmissibles (MST), a déclaré Joëlle Bertossa, coprésidente du PS Ville de Genève et candidate à l'élection au Conseil national.
Genève affiche le taux d'interruptions volontaire de grossesse le plus élevé de Suisse. Pour y remédier, il faut s'intéresser à ce qui fonctionne dans d'autres pays, a souligné la conseillère nationale Laurence Fehlmann Rielle (PS/GE), candidate à sa réélection.
Dans l'Etat du Colorado (USA), qui a mené un projet-pilote en offrant la gratuité des contraceptifs aux femmes entre 2009 et 2015, le taux de grossesses chez les adolescentes a diminué de 40% et le taux d'avortements de 42%. Sans compter qu'un dollar ainsi investi a permis d'en économiser 6 à terme.
"On peut se le permettre"
Le PS estime que Genève a les moyens de couvrir les coûts induits par son initiative, soit "quelques dizaines de millions de francs par an". Le montant exact reste pourtant difficile à évaluer. "On ne connaît pas encore les types de contraceptifs utilisés et le nombre de personnes qui demanderont ce remboursement", explique Laurence Fehlmann Rielle.
Le parti a jusqu'au 18 décembre pour récolter les 5479 signatures valables nécessaires. L'intiative s'inscrit toutefois dans une longue série d'échecs: tous les projets similaires menés jusqu'ici, du moins au niveau fédéral, ont échoué.
En 2019 le Conseil fédéral, en réponse à une motion du conseiller national socialiste Mathias Reynard, arguait que le financement des contraceptifs ne relevait pas de l'assurance-maladie mais que les cantons étaient libres d'élaborer d'autres bases légales.
ats/doe