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Pierre Maudet: "Une caisse publique pourrait permettre une meilleure maîtrise des coûts de la santé"

L'invité de La Matinale - Pierre Maudet, conseiller d'Etat genevois
L'invité de La Matinale - Pierre Maudet, conseiller d'Etat genevois / La Matinale / 12 min. / le 12 septembre 2023
Cent jours après son spectaculaire retour en grâce lors de l'élection au Conseil d'Etat genevois, Pierre Maudet a fait mardi sa rentrée médiatique dans La Matinale de la RTS. Il est notamment revenu sur ses débuts à la tête du Département de la santé et des mobilités (DSM) et sa proposition de créer une caisse maladie cantonale publique.

Lors de sa campagne électorale au printemps, menée sous les couleurs de son nouveau parti "Libertés et justice sociale", Pierre Maudet avait notamment promis la création d'une caisse maladie cantonale.

L'idée part du constat que dans le système actuel de l'assurance obligatoire, "on a un problème fondamental de transparence et de compréhension des mécanismes qui président aux coûts de la santé", explique mardi matin l'ex-membre du PLR au micro de la RTS.

"On a une certaine opacité (...) et finalement, le contribuable reçoit chaque année, comme une enclume sur un moustique, l'augmentation des primes", assène le magistrat. Pour lui, il faut donc "reprendre la main" avec une caisse publique. "J'espère arriver à convaincre mes collègues et, au-delà, le parlement."

Pas de baisse des primes

"L'idée, c'est de mettre en place une caisse publique en concurrence avec les autres caisses", précise-t-il. "Mais je le dis d'emblée: une caisse unique ou une caisse publique simplement implémentée dans le système actuel ne fonctionnerait pas. L'ensemble du système va devoir migrer."

Le conseiller d'Etat évoque la possibilité de mener "des expériences pilotes" dans son canton, à l'image des nouveaux réseaux de soins intégrés annoncés dans la région lémanique, ou d'une nouvelle formule d'assurance dans le Jura bernois, financée par un système de forfaits et regroupant assureurs et prestataires de soins au sein d'une même structure.

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"Je ne pense pas qu'il y ait de solutions miracles et de baguettes magiques en matière de santé", prévient-il. "Je pense qu'il faut dépasser le statu quo et essayer, peut-être en tâtonnant, des solutions nouvelles."

Avec, pour les Genevoises et les Genevois, la perspective de primes plus basses? "Je n'y crois pas, parce que la tendance de notre société est à une augmentation des coûts liée au vieillissement de la population", répond Pierre Maudet. Mais avec "une maîtrise publique un peu plus forte, je pense que l'on pourrait atteindre (...) une meilleure maîtrise des coûts."

Dépasser les intérêts personnels

À la tête de son département, Pierre Maudet dit faire l'expérience d'une certaine frustration face au fonctionnement du système de santé en Suisse. "Ce que j'ai compris durant ces 100 premiers jours, c'est que j'étais finalement un peu un exécutant de décisions prises à Berne de façon assez monolithique et peu transparente". Une situation jugée insupportable par l'ex-radical.

Au point de se poser la question de la marge de manoeuvre réelle d'un ministre cantonal de la Santé. "Je n'ai pas encore de réponses définitives à cette question, mais je sais qu'il y a des possibilités au niveau cantonal", poursuit-il, citant plusieurs options pour faire des économies, comme les médicaments ou encore l'organisation des soins.

Quant aux lobbies, très présents dans le domaine de la santé, le conseiller d'Etat tance "des gens qui ont tous de bonnes solutions à condition qu'on économise chez les autres". Selon lui, tout le monde, médecins, hôpitaux et assureurs, devra "y mettre du sien". Dans cette optique, il en appelle à un "pilotage fédéral" pour "une capacité de vraiment rassembler au-delà des intérêts personnels".

Propos recueillis par Pietro Bugnon
Texte web: jop

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"Je suis fondamentalement politiquement non binaire"

Interrogé sur ses déboires politico-judiciaires de ces cinq dernières années, Pierre Maudet dit en avoir tiré les leçons, même s'il concède ne pas être le mieux placé pour "porter un regard objectif" sur son propre fonctionnement.

"Je pense que j'ai retenu, de ces épisodes qui restent douloureux, la nécessité de travailler plus en collectif. Je pense aussi que réfléchir, observer (...) ce n'est pas du temps perdu. C'est aussi pour ça que vous ne m'avez pas entendu ces 100 premiers jours", dit-il.

L'ancien radical l'a répété mardi, il se veut aujourd'hui au-dessus du clivage gauche/droite. "Je pense que, comme la majorité de la population suisse, je suis fondamentalement politiquement non binaire", lance-t-il. "Ma ligne, ce n'est pas d'être ni de gauche, ni de droite, c'est d'être la voix des citoyens."