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L'ex-commandant de la police guatémaltèque Erwin Sperisen va être libéré lundi prochain

Erwin Sperisen, l'ex-chef de la police nationale du Guatemala condamné en 2018 pour complicité d'assassinat, va être libéré.
Erwin Sperisen, l'ex-chef de la police nationale du Guatemala condamné en 2018 pour complicité d'assassinat, va être libéré. / 19h30 / 2 min. / le 28 septembre 2023
Erwin Sperisen, l'ex-chef de la police nationale du Guatemala condamné pour complicité d'assassinat, sera libéré lundi prochain. Le Tribunal d'application des peines et des mesures (TAPEM) de Genève a accepté jeudi sa demande d'interruption de peine.

Erwin Sperisen pourra quitter l'établissement pénitentiaire de Witzwil (BE) où il est incarcéré depuis décembre 2022 après avoir été détenu à Thorberg (BE) et à Champ-Dollon à Genève.

Il aura l'interdiction de contacter les parties plaignantes ou des témoins, de quitter le territoire suisse sans autorisation et devra déposer ses papiers d'identité.

Ses avocats, Giorgio Campa et Florian Baier, ont formulé cette demande d'interruption de peine en s'appuyant sur un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme (CourEDH) devenu définitif. Les juges de Strasbourg ont estimé dans un arrêt rendu public en juin qu'il y avait eu une violation du droit à un tribunal impartial.

>> Lire aussi : La Cour européenne des droits de l'homme admet un recours d'Erwin Sperisen

Un motif grave

Le TAPEM a rappelé qu'une interruption de peine pouvait être accordée en raison d'un motif grave et qu'un vice de procédure pouvait constituer un tel motif. La CourEDH a constaté une violation des droits procéduraux d'Erwin Sperisen et une demande de révision est pendante au Tribunal fédéral, a souligné le président du TAPEM.

La demande d'interruption de peine court "jusqu'à l'issue de la demande de révision déposée au Tribunal fédéral". Cette interruption de peine intervient environ quatre mois avant une libération conditionnelle généralement octroyée aux deux tiers de la peine. A noter qu'une demande de libération conditionnelle anticipée demandée par Erwin Sperisen a été refusée par le TAPEM.

Erwin Sperisen a été condamné à quinze ans de prison par la Cour de justice de Genève en avril 2018 pour complicité d'assassinat lors de la reprise par les forces de l'ordre du pénitencier de Pavon en 2006. Le Tribunal fédéral a confirmé ce jugement en novembre 2019. Double national suisse et guatémaltèque, Erwin Sperisen avait été arrêté en 2012 à Genève, où il s'était réfugié avec sa famille en 2007.

Décision immédiate

Lors de l'audience jeudi devant le TAPEM, l'un de ses avocats, Giorgie Campa a souligné qu'"Erwin Sperisen a été détenu onze ans en Suisse sans avoir eu droit à un procès équitable: c'est la CourEDH qui le dit et ça devrait glacer le sang du TAPEM". "Il est temps de rétablir une situation conforme aux droits de l'homme", a-t-il insisté en demandant une décision immédiate.

"Nous sommes dans une situation d'urgence", a ajouté son confrère Florian Baier. Erwin Sperisen s'est dit victime d'un système injuste, avant d'être interrompu par le président du TAPEM qui estimait que ce n'était pas le moment pour une longue déclaration revenant sur toute la procédure.

Le premier procureur Yves Bertossa a relevé pour sa part que l'arrêt de la CourEDH ne contient pas un mot qui remet en cause les motifs de condamnation d'Erwin Sperisen. "Ses avocats profitent d'une tribune médiatique pour faire croire qu'Erwin Sperisen est un pauvre innocent", s'est-il emporté. Il n'a pas précisé s'il allait recourir contre la décision du TAPEM.

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La demande d'interruption de peine d'Erwin Sperisen est acceptée. [Keystone - Peter Klaunzer]Keystone - Peter Klaunzer
La demande d'interruption de peine d'Erwin Sperisen est acceptée / La Matinale / 1 min. / le 29 septembre 2023

ats/miro

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