La pétition demandant le remplacement d'un imam de la Grande mosquée de Genève est anonyme, mais a été signée par plus de 100 fidèles. C'est un sermon faisant suite aux catastrophes naturelles au Maroc et en Libye qui a cristallisé leur colère.
Sermon controversé
En septembre dernier, le Maroc était victime du séisme le plus important de son histoire. Quelques jours plus tard, des inondations dévastaient la Libye. Les deux événements ont coûté la vie à des milliers de personnes.
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Dans son prêche controversé, l'imam soulignait notamment que parfois, ces catastrophes naturelles ne sont autres que des expressions d'Allah pour rappeler sa toute-puissance et la nécessité de rester humble.
Selon plusieurs sources, ces propos seraient mal passés auprès de fidèles d'origine marocaine et libyenne, très affectés par les récents événements ayant touché leur pays.
La pétition évoque également les lacunes de l'imam en français et son manque de professionnalisme, considérés comme peu adaptés au contexte de la mosquée.
Cet avis n'est toutefois pas unanime. Plusieurs fidèles reconnaissent qu'il n'est pas le meilleur orateur, mais se disent satisfaits de son travail.
Solution temporaire
Par souci de cohésion entre les communautés et pour éviter la discorde, une solution provisoire a été trouvée par la direction de la mosquée, en accord avec l'imam. Celui-ci ne fera plus de prières durant environ un mois et demi.
En parallèle, la direction indique qu'elle a lancé une enquête de satisfaction auprès de toutes les communautés qui fréquentent la mosquée.
Contacté, l'imam en question ne souhaite pas commenter le fond de l'affaire, mais il précise qu'il a pris l'initiative de se retirer et rappelle qu'à la base, il n'est pas engagé en tant qu'imam par la mosquée.
C'est en tant qu'imam remplaçant qu'il prêche, notamment pour la prière du vendredi. A l'origine, il est en effet chargé des affaire sociales et de l'enseignement de la mosquée. Son parcours au sein de l'institution remonte à plusieurs années. En 2016, il en avait d'ailleurs été écarté avant de la réintégrer en 2018.
Manque d'imams
Cette affaire illustre aussi la difficulté à trouver des imams. Selon la direction de la Grande mosquée de Genève, cela fait un an qu'une recherche a été lancée pour trouver la perle rare.
Il est en effet difficile de trouver quelqu'un qui ait à la fois la connaissance de la religion, du contexte genevois et qui convienne à l'ensemble des fidèles.
La mosquée tient également à éviter de commettre à nouveau des erreurs du passé. En 2017 par exemple, des imams fichés S avaient finalement été licenciés après plusieurs mois à avoir fait les gros titres.
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Tania Sazpinar/edel