Les Femmes du Centre genevois refusent de soutenir Céline Amaudruz au Conseil des Etats
Les Femmes du Centre s'élèvent contre la voie prise par leur parti pour le second tour du Conseil des Etats, lézardant l'entente de la droite genevoise. Elles l'affirment haut et fort dans une prise de position que le Pôle enquête de la RTS s’est procuré.
Lundi passé, le parti du Centre a décidé de soutenir les deux meilleurs élus à droite lors du 1er tour, soit le MCG Mauro Poggia et l'UDC Céline Amaudruz. Mais dès le lendemain, le groupement réunissant les femmes du parti genevois s’est réuni en assemblée extraordinaire pour prendre ses distances avec cette stratégie et avertir qu'elles "n'accorderont aucune voix" à la candidate de l’UDC.
Une question de valeurs
Les Femmes du Centre rappellent que "les valeurs et le programme du Centre sont diamétralement opposés à ceux de l'UDC". Elles citent notamment les relations avec l'Europe, la protection de l'environnement, la politique familiale et la cohésion sociale. Par conséquent, les femmes du parti "refusent d'être associées à cette Alliance et bien évidemment à toute propagande raciste de l'UDC".
En parallèle, elles regrettent qu'une "décision de soutien active ait été prise au sein du seul comité directeur" en lieu et place d'une plus grande assemblée, pourtant prévue mais annulée sans explication.
Une position pas isolée au Centre
Samedi, l'ancienne présidente du parti, Béatrice Hirsch, a publiquement annoncé qu'elle ne suivrait pas le mot d'ordre de son parti. Elle a même indiqué qu'elle voterait pour la Verte Lisa Mazzone, suscitant un flot de commentaires agacés à droite.
Ce soutien à l’UDC n'a pas non plus fait l'unanimité au sein même du Comité directeur du parti du Centre la semaine passée. Selon les renseignements de la RTS, les discussions y ont été particulièrement animées.
Contacté par la RTS, le président du Centre genevois a été surpris de cette prise de position. Mais Jacques Blondin ne souhaite pas s'exprimer davantage à ce stade. Il a convié une délégation des Femmes du Centre, ce mardi, pour un échange. Contactée elle aussi, la présidente ad interim des Femmes du Centre, Laetitia Ammon-Chansel, ne souhaite pas faire davantage de commentaires avant cette rencontre.
L'UDC se désole de cette prise de position
De son côté, la candidate de l’UDC indique que cette prise de position la désole. Céline Amaudruz estime que "comme souvent, des femmes s’en prennent à une femme". Or, dit-elle, la conseillère nationale a montré son "attachement à la cause féminine et son ouverture d’esprit sur les sujets sociétaux". Céline Amaudruz rappelle qu'elle n'a pas hésité non plus à se distancier de son parti dans certains cas où elle se sentait mal à l’aise.
"Cette prise de position est par ailleurs inélégante vis-à-vis de l’alliance de droite et irrespectueuse de la volonté populaire", poursuit Céline Amaudruz. "Le Centre ne doit pas oublier ce qu’il doit à la réunion de la droite, notamment l’élection de Delphine Bachmann au Conseil d’Etat. Il s’agit maintenant d’être fair-play."
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Raphaël Leroy