"Nous appelons à une mobilisation collective contre les violences sexistes et sexuelles", a déclaré lundi devant les médias la conseillère d'Etat Nathalie Fontanet, magistrate de tutelle du Bureau de promotion de l'égalité et de prévention des violences. En 2022, la moitié des violences recensées à Genève ont été des violences domestiques. "Un chiffre trop important", a-t-elle relevé.
L'an passé, le nombre de réquisitions de la police genevoise s'est élevé à 789, le plus haut niveau depuis 2010, ce qui correspond à 2,2 signalements par jour en moyenne. De plus, 109 mesures d'éloignement administratif des auteurs ont été signifiées. Et depuis le début de l'année, treize féminicides ont été commis en Suisse, contre quinze en 2022, a indiqué Nathalie Fontanet.
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Comportements "banalisés"
Des remarques déplacées au meurtre, la même logique est à l'oeuvre. "Malgré une prise de conscience large, les comportements sexistes restent trop souvent banalisés. Or le sexisme continue de tuer, sans distinction de classe et dans toutes les sphères de la société", a déploré à ses côtés le maire de la Ville de Genève Alfonso Gomez, en charge de l'égalité.
Pour Emilie Flamand, directrice du Bureau de l'égalité et de prévention des violences du canton de Genève, les chiffres ne sont pas si faciles à analyser. "Les chiffres sont difficiles à interpréter car, pour les violences domestiques par exemple, ils concernent le nombre de personnes prises en charge", indique-t-elle dans le 12h30 lundi.
"On peut donc soit s'inquiéter de leur augmentation, car elle signifierait que le phénomène augmente, soit on peut aussi se réjouir que le nombre de personnes prises en charge et qui osent demander de l'aide augmente", analyse-t-elle encore.
Pour aller plus loin dans cette analyse, les autorités devraient faire une enquête auprès de la population en 2024. Elle permettra de "mieux estimer l'ampleur globale et de mieux savoir dans quel sens vont les choses", précise Emilie Flamand.
Affiches et événements
Le canton s'est associé à la campagne annuelle de la Ville de Genève qui se décline sous forme d'affiches, d'une série d'événements et d'un site Internet qui propose des ressources thématiques et pratiques. Une performance sera donnée lors de la Journée internationale pour l'élimination des violences sexistes et sexuelles du 25 novembre et une cérémonie du souvenir aura lieu le lendemain.
Pourtant, ces affiches ne suffisent pas pour la directrice du Bureau de l'égalité et de prévention des violences du canton de Genève. "Il y a beaucoup de choses à faire au niveau de l'éducation dès le plus jeune âge, car ces violences prennent racine dans les inégalités structurelles au sein de notre société."
Elle pense aussi qu'avoir un visuel commun qui soit présent dans tout le canton comme ce que prévoit la campagne "ne peut que faire du bien" et pourra sûrement aussi libérer la parole. "Le but de la campagne est de montrer que des remarques déplacées dans la rue s'inscrivent dans la même logique que des faits plus graves comme un féminicide ou un viol. Si on banalise des actes qui peuvent paraître moins graves, on fait le terreau d'actes beaucoup plus graves", prévient Emilie Flamand.
Le Canton veut agir dans les écoles, au niveau de la prévention. Il entend aussi former les professionnels à la détection des cas, sur le modèle de ce qui se fait dans les pharmacies, et il envisage de modifier la loi sur les violences domestiques afin d'augmenter la prise en charge des auteurs. A l'instar de la Ville, il soutient financièrement plusieurs associations.
ats/juma