La cérémonie de restitution, qui s'est déroulée au MEG, a fait l'objet d'une retransmission en direct à la télévision d'Etat bolivienne. "Il s'agit d'un événement fondamental pour nos Etats et nos peuples", a indiqué la ministre bolivienne des cultures, de la décolonisation et de la dépatriarcalisation Sabina Orellana Cruz.
Les momies, deux adultes et un enfant, vont rejoindre le Musée national d'archéologie de Bolivie. Elles proviennent de la région de Coro Coro, une localité perchée à 4000 mètres d'altitude, à 80 kilomètres au sud-ouest de La Paz. Elles datent d'avant la domination culturelle inca.
"Elles sont à l'abri des regards, enfermées dans des boîtes qui préservent, autant que possible, leur dignité. Pour nous, elles ne sont pas des objets de curiosité", a expliqué lundi dans La Matinale Isabel Garcia Gomez, conservatrice et restauratrice du MEG.
Ce sont donc des boîtes blanches et muettes qui sont parties pour la Bolivie. "J'espère qu'elles témoignent de notre compréhension de leur valeur qu'elles représentent pour le peuple bolivien", a estimé Isabel Garcia Gomez.
Dialogue et respect
Carine Ayélé Durand, la directrice du MEG, a rappelé que le musée genevois était très sensible au respect des droits fondamentaux des peuples autochtones. Le processus de restitution de restes humains ou d'objets sacrés est basé sur le dialogue avec les communautés concernées.
Même si c'est discutable, les restes humains sont considérés comme des objets. Cette restitution permet une réparation éthique, a commenté Carine Ayélé Durand. "Ces trois ancêtres ne seront plus jamais appelés objets à partir d'aujourd'hui". Un rite funéraire indigène a clos la cérémonie de restitution des momies.
Des Boliviens de Genève ont rappelé que pour eux le temps est cyclique et non pas linéaire. Les momies sont du même coup des êtres qui vivent à leurs côtés.
ats/miro