Noah Clerc, ornithologue et vice-président du groupe des jeunes passionnés d'oiseaux, a été le premier à repérer ce canard exceptionnel à Genève. "A la première seconde, tu te dis: 'C'est quoi ce dinosaure?' Ça procure un coup d'adrénaline assez puissant. C'est le genre de découverte que l'on fait sûrement une fois dans une vie, mais il fallait être là au bon endroit", s'enthousiasme-t-il mercredi dans le 19h30 de la RTS.
Originaire d'Amérique du Nord, ce mâle a probablement été surpris lors de sa migration entre le Canada et le sud des Etats-Unis par de violentes tempêtes.
"Ils sont happés dans les vents, ça les catapulte sur les côtes atlantiques européennes", explique l'ornithologue Loris Bono. "Avec les vents forts que l'on a eu ces derniers temps, les oiseaux qui étaient sur les côtes atlantiques ont pu être poussés à l'intérieur du continent."
Lionel Maumary, biologiste et président du Centre ornithologique de Lausanne, scrute le lac depuis quarante ans et exprime son étonnement: "Jamais je n'aurais imaginé voir un oiseau pareil, un mâle en plumage nuptial en pleine ville à trois mètres du bord. C'est simplement inimaginable, surréaliste!"
Restera, restera pas?
Quant à la question de savoir si la macreuse à front blanc restera dans la région, les experts sont optimistes. Selon Lionel Maumary, elle devrait facilement s'acclimater: "Elle supporte des températures bien plus froides qu'ici, donc elle va passer un très bon hiver à Genève, d'autant plus qu'il n'y a pas de chasse à Genève, il y a beaucoup à manger, notamment ces moules quaggas dont elle raffole. Ça ne m'étonnerait pas qu'elle passe tout l'hiver là, en tout cas, elle a une réserve de nourriture pour tout l'hiver."
En attendant, les passionnés d'oiseaux continueront d'affluer pour admirer ce spécimen rare et suivre son aventure sur les rives du Léman.
Camille Rivollet et Cécile Durring/vajo