L'opération Papyrus a amélioré les perspectives de vie des sans-papiers à Genève, selon une étude
En 2017 et 2018, le canton de Genève a lancé l’opération Papyrus et régularisé les titres de séjour d’environ 2900 personnes. Celles-ci devait remplir certains critères: avoir un emploi, vivre à Genève depuis une certaine durée, comprendre le français et ne pas avoir d’antécédents pénaux.
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Une équipe de l’Université de Genève (UNIGE) a suivi cette cohorte d’anciens sans-papiers entre 2017 et 2022 à l’aide d’enquêtes annuelles.
Les résultats publiés dans la revue Social Change in Switzerland montrent que trois quarts des personnes régularisées sont des femmes, provenant surtout d’Amérique latine (en particulier du Brésil et de la Bolivie) et des Philippines. La plupart travaillent dans l’économie domestique, à savoir dans le ménage, ainsi que dans la garde d’enfants et de personnes âgées.
Peu d'aide sociale
Si la plupart des personnes ont gardé les mêmes emplois après la régularisation, celle-ci a eu un fort impact sur la mise en conformité de leurs employeurs. Alors que seuls 41% des emplois étaient déclarés pour les personnes sans statut légal, la proportion monte à 85% pour les personnes régularisées.
Les personnes régularisées voient leurs opportunités s’élargir sur le plan professionnel et du logement, soulignent Giovanni Ferro-Luzzi, professeur à l'UNIGE et à l'HES-SO Genève, et ses collègues. Cependant, leur situation économique reste fragile, avec des revenus entre 3000 francs net en 2017 et 2018 et 3300 francs net en 2021 et 2022.
Le recours à l’aide sociale est toutefois anecdotique, concernant moins de 1% des répondants. Même au moment de la pandémie, seuls 5% des participants régularisés ont temporairement recouru à ce soutien.
Les auteurs concluent que la régularisation a donné des perspectives de vie plus stables à ces personnes qui vivaient en Suisse depuis de longues années. Elle a aussi permis d’assainir les relations d’emploi dans des secteurs où le travail au noir était répandu.
ats/edel