Le management du ministre genevois Pierre Maudet à nouveau dénoncé
Les méthodes de direction du conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet sont à nouveau pointées du doigt. Six mois après son retour au gouvernement, la RTS a recueilli plusieurs témoignages au sein de la Direction générale de la santé qui dénoncent un management autoritaire. Il y a trois ans, un premier rapport critique adressait les mêmes reproches à l'élu.
Des arrêts maladie, notamment celui de la médecin cantonale, font réagir du côté de Genève. Certains employés de la Direction générale de la santé que la RTS a contactés y voient le signe d'un climat de travail tendu et des difficultés face au style managérial de Pierre Maudet. Des conditions de travail qui toucheraient surtout des cadres de la santé.
Le 1er décembre, le journal Le Temps publiait un article sur le malaise au sein de la Direction générale de la santé. "Une agitation permanente, un climat exécrable, des humiliations de serviteurs de l’Etat", les témoignages recueillis par la RTS corroborent ces propos.
L’attitude de Pierre Maudet est jugée "hautaine, arrogante et cassante" parfois "sans respect pour le travail de ses équipes". Certains dénoncent le fait qu’il se mêle de l'opérationnel en "expliquant aux gens comment faire leur travail".
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Le rapport Fonjallaz qui se répète?
En 2020, l'ancien juge fédéral Jean Fonjallaz rendait un rapport qui confirmait la "crise extraordinairement grave" qui avait frappé le Département de l'économie alors sous la houlette de Pierre Maudet. Il soulignait un management autoritaire, dénigrant et une implication du magistrat trop forte dans l’opérationnel. À l’époque, c’était déjà la forme qui était remise en question et non le fond de la vision de Pierre Maudet.
Des conclusions que certaines personnes contactées ont l’impression de revivre aujourd’hui. Tous les employés interrogés ne vont pas forcément dans ce sens et précisent que leurs services se portent bien. Mais ce qui frappe, c'est que dans certains services, plusieurs personnes, de niveaux hiérarchiques différents, évoquent les mêmes dysfonctionnements et craignent d’en parler ouvertement au vu de potentielles conséquences.
Le Conseil d’Etat saisi
Selon les informations de la RTS, des employés de la Direction générale de la santé ont sollicité le groupe de confiance de l'Etat. Cet organe indépendant gère les conflits relationnels et autres problématiques liées au travail comme le mobbing ou le harcèlement.
Toujours selon les informations de la RTS, le Conseil d'Etat devrait par conséquent se pencher sur le fonctionnement du département de Pierre Maudet mercredi lors de sa séance hebdomadaire. Impossible de savoir quelles suites seront données à ces signalements. Mais dans son programme de législature, présenté il y a deux semaines, le gouvernement s’engageait à améliorer les performances de ses ressources humaines en promouvant un management moderne reposant notamment sur l'autonomie, la confiance et la collaboration.
Pierre Maudet se défend
Contacté, Pierre Maudet n’a pas souhaité répondre aux questions de la RTS ni par écrit, ni en direct. Lundi soir néanmoins, il s’exprimait sur la chaîne Léman Bleu pour répondre aux critiques de son management. Il affirmait être soucieux de faire les choses de manière parfois un peu différente mais dans l'intérêt du canton, en précisant que c'était possible qu'il soit parfois un peu "maladroit".
Quant au climat exécrable et humiliant, il répond que pour être crédibles, ces accusations devraient avoir un visage. Il précise encore être ouvert aux griefs et à la discussion tout en s'estimant loin d'une nouvelle crise institutionnelle.
Charlotte Frossard, Tania Sazpinar, Julien Chiffelle et Raphael Leroy
Publié Modifié
Le climat de travail au Département de Pierre Maudet sous la loupe
Suite à sa séance hebdomadaire, le Conseil d’Etat genevois a annoncé mercredi via un communiqué de presse qu’une analyse du climat de travail au sein du Département de Pierre Maudet allait être lancée.
Le Département de la santé et des mobilités sera lui-même en charge de lancer ce projet qui vise notamment à "fixer des indicateurs de satisfaction et d'engagement et d'accompagner les changements".
Aucun détail sur la méthode et le périmètre de cette analyse n’a été précisé, le Département annonce ne pas faire de commentaires supplémentaires à ce stade.
Le groupe de confiance, organe indépendant, se charge pour sa part de traiter les signalement reçus de la part de collaborateurs et collaboratrices du Département.
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