Le salaire minimum genevois ne satisfait complètement ni les employeurs ni les employés
Du côté des travailleurs, si on accueille avec soulagement cette indexation prévue par la loi, on la juge toutefois insuffisante. Davide de Filippo, président de la Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS), estime qu'elle ne tient pas compte de l'augmentation totale du coût de la vie.
Le président de la faîtière des syndicats genevois cite notamment la hausse des primes maladie, qui s'élève à 9,1% à Genève. Le canton possède d'ailleurs la prime moyenne la plus haute du pays à 454,4 francs.
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Les jeunes pénalisés
Du côté des entreprises en revanche, on rappelle que le salaire minimum genevois est le plus élevé au monde, ce qui n'est pas idéal pour la compétitivité. On regrette aussi sa hausse "quasi automatique".
Vincent Subilia, directeur de la Chambre de commerce et d'industrie genevoise, ne nie pas l'importance de revaloriser ce salaire en fonction de l'augmentation du coût de la vie mais estime que ce mécanisme "vient renchérir encore une fois le coût du travail à Genève qui n'est déjà pas bon marché". "Et puis c'est une mauvaise nouvelle pour les entreprises pour qui la fin de l'année est parfois difficile", ajoute-t-il.
S'appuyant sur une étude parue en décembre dernier, Vincent Subilia précise également qu'une rémunération si élevée pénalise surtout les personnes les moins formées et les jeunes notamment. Cette étude conjointe de l'Université de Genève et de la Haute école de gestion (HEG Genève) révélait en effet que les jeunes avaient davantage de difficultés à être recrutés que les personnes expérimentées.
La possibilité qu'ils soient attirés plus rapidement vers le marché de l'emploi devenu attractif en matière de rémunération et donc tentés de ne pas poursuivre leur formation après un CFC était également évoquée. "Donc pour les jeunes, ça n'est certainement pas une bonne nouvelle", conclut Vincent Subilia.
Pas d'effet sur le chômage
Une analyse statistique fondée sur une comparaison entre Genève et les cantons qui n'ont pas de salaire minimum avait également montré que son introduction n'avait pas eu d'effet significatif sur le chômage en général.
L'étude signale néanmoins que le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans semble être légèrement supérieur (+0,6 point) à ce qu'il aurait été sans l'introduction du salaire minimum.
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Trois autres études scientifiques sont encore attendues pour analyser le reste des effets du salaire minimum. Elles portent sur le chômage, sur l’offre d’emploi et sur les salaires.
Sujet radio: Mohamed Musadak
Adaptation web: edel avec ats