Un peu partout en Suisse, les épiceries de Caritas ne désemplissent pas. Alors que l'année 2022 était déjà record, leur chiffre d'affaires a grimpé d'environ 11% en 2023. Une tendance qui inquiète les réseaux d'entraide.
Dans le canton de Genève, les magasins solidaires réservés aux personnes en situation de précarité ont vu leur fréquentation augmenter de 12,45% en moyenne sur un an.
Avec l'inflation, la hausse des primes maladie et des coûts de l'électricité, beaucoup ne s'en sortent plus.
Des profils variés
"Je ne vais pas chez le coiffeur, ni la manucure et je m'habille d'occasion. Mais malgré tout, ça ne suffit pas", témoigne dimanche dans le 19h30 une dame venue faire ses courses ce jour-là.
Basculer sous le seuil de pauvreté, cela peut arriver à des profils très variés: "des étudiants" ou encore "des personnes qui travaillent par exemple à mi-temps", raconte pour sa part Mourad, caissier à l'épicerie Caritas.
Le constat d'une augmentation de la demande est le même à la fondation Partage, la banque alimentaire genevoise, qui distribue 10% de cabas en plus aux associations par rapport à 2022.
"Il y a des gens qui sont actuellement employés, qui touchent des salaires et qui le 20 du mois n’ont plus suffisamment d’argent pour pouvoir faire face à leurs besoins alimentaires", déplore Marc Nobs, directeur de la Fondation Partage.
Une réalité invisible
En 2020, en pleine crise sanitaire, les files interminables lors des distributions alimentaires à Genève avaient choqué l'opinion publique et mis en lumière une réalité souvent invisible.
Dans le canton, le droit à l'alimentation est désormais inscrit dans la Constitution, une première en Suisse. L'avant-projet de loi devrait être élaboré d'ici à la fin de l'été.
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Sujet TV: Camille Lanci, Claire Eckersley et Guillaume Martinez
Adaptation web: doe
Des solutions seront trouvées, mais "pas à court terme", selon Guy Parmelin
Le chef du Département fédéral de l'économie, de la formation et de la recherche (DEFR) a réagi dimanche au reportage de la RTS.
Avec l'augmentation du coût de la vie en Suisse, la situation "est devenue dure pour de nombreuses familles", admet Guy Parmelin. Il assure néanmoins que le "filet social" actuellement en place permet d'amortir le choc.
Les cantons, appuyés par la Confédération, interviennent pour donner un coup de pouce en octroyant des subsides pour l'assurance-maladie obligatoire, rappelle le conseiller fédéral. Il insiste: "Il faut que les citoyens et citoyennes qui ont le droit à une aide en fassent la demande!"
Des mesures immédiates sont-elles envisageables? "Pour ça, il faut des majorités politiques", souligne Guy Parmelin, notamment en évoquant la question du logement. Dépoussiérer le droit du bail, vieux de plus de 20 ans, et répondre au manque de logements prendra du temps, explique-t-il.
"Il ne faut pas se faire d'illusions… ce ne sera pas à court terme", conclut le conseiller fédéral.