Pierre Maudet obtient la confiance d'un PLR genevois divisé
Les membres du PLR genevois ont accordé leur confiance à Pierre Maudet par 341 oui, contre 312 non et 56 abstentions, mardi soir lors d'un vote à bulletins secret durant l'assemblée extraordinaire du parti.
Les partisans et les détracteurs de Pierre Maudet se sont tour à tour exprimés durant la soirée, tout comme le conseiller d'Etat mis en cause pour son voyage controversé à Abu Dhabi. Le magistrat a présenté ses excuses, tout en demandant de "pouvoir continuer à s'engager".
Comme il l'avait déjà annoncé, le président du parti Alexandre de Senarclens a fait savoir dans la foulée de l'annonce des résultats qu'il démissionnerait "dans les meilleurs délais".
Suivi assuré par Pauline Turuban
Le président du parti va démissionner
Alexandre de Senarclens confirme qu'il va démissionner
Comme il l'avait déjà annoncé, le président du parti Alexandre de Senarclens a fait savoir dans la foulée de l'annonce des résultats qu'il démissionnerait "dans les meilleurs délais".
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Le soutien à Pierre Maudet l'emporte
Pierre Maudet obtient la confiance du PLR genevois
Très brève prise de parole d'Alexandre de Senarclens pour annoncer les résultats: Pierre Maudet obtient la confiance de son parti avec 341 oui, contre 312 non et 56 abstentions.
Place au vote
A bulletins secrets
Les membres du parti sont actuellement en train de voter oui ou non au soutien à Pierre Maudet. Le vote se fait à bulletins secrets. Le dépouillement devrait prendre au moins 45 minutes.
Pierre Maudet demande le soutien
"Je prends la mesure du trouble que j'ai causé"
Pierre Maudet reprend la parole brièvement entre les prises de paroles des militants, pour clarifier son point de vue. "Cette assemblée n'est pas pour du beurre!", s'exclame-t-il. Il insiste sur son intention de "tenir compte" du vote des militants même si "cette décision, je dois la prendre en conscience".
Il déclare encore avoir été la cible de fausses informations et en conclut: "si ce soir vous demandez ma tête, (...) ce sont tous nos adversaires à qui vous donnerez raison."
Puis plus tard, à l'issue de toutes les interventions de membres du parti, il a un dernier mot de fin, dans lequel il affirme que "ces échanges" lui permettent "de prendre la mesure du trouble que j'ai causé". Il conclut en incitant les militants à voter leur soutien.
Plusieurs prises de parole se succèdent
"Le mensonge en politique ne passe plus"
Plusieurs membres du parti se succèdent sur l'estrade. Parmi eux, on retrouve par exemple l'ancien chef de groupe au Grand Conseil Serge Hiltpold, le président du Grand Conseil Jean Romain ou encore l'ancien député radical Pierre Kunz.
Les mots "morale", "confiance", "déception" et "mensonge" reviennent en boucle. Les militants sont divisés: les faits reprochés à Pierre Maudet sont-il rédhibitoires ou peuvent-ils être surmontés?
Comparaisons avec Strauss-Kahn ou Fillon
Certains affichent un soutien sans faille au conseiller d'Etat et s'en prennent au comité directeur, voire personnellement au président du parti Alexandre de Senarclens. Pour eux, seule la justice peut trancher. D'autres appellent le magistrat à partir sans plus attendre.
Un militant compare le "premier de cordée" du PLR à Dominique Strauss-Kahn, autre homme politique déchu. Un soutien de Pierre Maudet préfère l'analogie avec le Français François Fillon qui aurait, selon lui, subi la même vindicte médiatique.
Presse critiquée
Des attaques à l'égard de la presse se font d'ailleurs jour. René Koechlin se dit par exemple "excédé par un journalisme de bas étage qui consiste à chercher des poux dans la paille". Isabel Rochat parle d'un "acharnement médiatique sans précédent".
"Ce soir, ceux qui voteront la défiance donneront raison à la meute médiatique!", tranche un autre membre du parti.
"Ce n'est pas normal de mentir"
Pour certains militants, le mensonge va de pair avec la politique. L'ancien conseiller national Jacques-Simon Eggly martèle, lui, que "le mensonge en politique ne passe plus"et interpelle Pierre Maudet: "Le temps de la justice n'est pas le temps politique. Et que va-t-il se passer pendant ce temps?" Pour Jacques-Simon Eggly, cela ne fait aucun doute, il y aura "une perte de confiance et d'image". "Vous êtes seul vis-à-vis de votre conscience", lâche-t-il en conclusion.
L'ancienne conseillère d'Etat Martine Brunschwig-Graf s'offusque quant à elle que l'on banalise le mensonge en politique. "Non, ça n'est pas normal de mentir quand on est conseiller d'Etat. (...) Nous prêtons serment, nous faisons prêter serment", insiste-t-elle.
Un militant résume en une intervention lapidaire: "Monsieur Maudet, vous avez menti, vous n'avez donc plus les qualités requises pour être conseiller d'Etat."
L'appel à l'unité de Nathalie Fontanet
"Nous devons continuer à être une famille"
"Avant cette affaire, nous étions unis", déplore la conseillère d'Etat Nathalie Fontanet en ouverture de sa prise de parole. En tant que conseillère d'Etat, elle ne peut se positionner en faveur ou contre le soutien à Pierre Maudet mais profite de son temps de parole pour appeler à l'unité.
Les membres du parti ne sont pas toujours d'accord, souligne la conseillère d'Etat, mais ils doivent continuer à travailler ensemble. "Cela ne sera possible que si les propos qui sont tenus ici sont empreints de respect et du sens des responsabilités", exhorte-t-elle.
"S'accuser et se monter les uns contre les autres n'a pas de sens. Ceux qui veulent ce soir défendre Pierre Maudet ont suffisamment de bagages à mettre en avant sur ce qu'il a accompli pour le défendre. Nul n'est besoin d'attaquer les instances de notre parti ou qui que ce soit d'autre, car c'est ensemble que nous avons construit ce parti."
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Marie-Claire Messerli, du comité de soutien de Pierre Maudet
"Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage"
Marie-Claire Messerli, du comité de soutien de Pierre Maudet, prend la parole. Pierre Maudet s'est seulement "pris les pieds dans le tapis" à cause d'un "petit mensonge", commence-t-elle. Pour cette fervente partisane, le magistrat a subi un "acharnement quasi-quotidien", émanant également de sa propre famille politique.
Elle s'attaque à la présidence du parti qui, selon elle, "crée le malaise". "Je l'accuse de s'être érigée en justicier et de condamner un brillant homme politique avant que la vraie justice n'ait rendu son verdict", assène-t-elle. "Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage!"
Une partie du public la hue, une autre partie l'applaudit avec force.
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L'intervention de Hugues Hiltpold
Pour Hugues Hiltpold, on ne peut pas faire confiance "à un conseiller d'Etat qui a menti"
Au diapason avec Alexandre de Senarclens et Christian Lüscher, le conseiller national Hugues Hiltpold appelle lui aussi Pierre Maudet à démissionner. "Peut-on accorder notre confiance à un conseiller d'Etat qui a menti au Conseil d'Etat, à la population, au Grand Conseil, à la justice et à son parti?" Pour lui, la réponse est non.
Les explications de Pierre Maudet
"Je ne me pardonne pas ce faux pas"
C'est au tour de Pierre Maudet. Il se place derrière le pupitre sous les applaudissements nourris de l'auditoire. "J'ai attendu avec impatience ce moment" "pour m'expliquer devant vous, les membres du parti, la base militante, les forces vives".
Pierre Maudet se dit conscient non seulement de la "faute commise" mais aussi de ses "erreurs consécutives". Il ne se prive toutefois pas d'une pique à l'adresse de Christian Lüscher, l'accusant d'en avoir "rajouté": "je le connaissais avocat, je le découvre procureur".
"Fausses informations"
S'il fait acte de contrition, Pierre Maudet ne se prive pas de renvoyer les coups. "Ce soir, ce n'est pas que le magistrat qui vous parle, c'est aussi l'homme. L'homme qui ne s'est jamais considéré comme une victime (...) mais qui encaisse depuis des semaines un torrent ininterrompu d'attaques", venant tant de l'extérieur que de "ma propre famille politique".
Le conseiller d'Etat dénonce de "fausses informations", qui auraient été "montées en épingle" et critique les nombreuses fuites et "accusations erronées" dans la presse. Ces propos déclenchent une nouvelle salve d'applaudissements. "Sans minimiser ma responsabilité, je ne peux pas me laisser accuser de tout et n'importe quoi", insiste-t-il.
"Je vous présente mes excuses"
Pour Pierre Maudet, ce voyage à Abu Dhabi a été "une erreur d'appréciation". "Je vous présente mes excuses", dit-il. "Au fond de mon coeur, je ne me pardonne pas ce faux pas, car il ne me ressemble pas. Et ce mensonge est indigne du magistrat que j'incarne."
Le magistrat estime toutefois qu'"il n'y a pas eu de faute de fond, ni vol, ni corruption". "Ce voyage n'a pas coûté un sou au contribuable", assure-t-il.
Il conclut en vantant ses qualités politiques et son bilan: "ma détermination est intacte pour faire avancer Genève".
"Je vous demande de pouvoir continuer à m'engager à vos côtés pour se remettre à faire de la politique avec du cran, avec du coeur". Son intervention s'achève sur de nombreux applaudissements, une partie de l'assistance est même debout.
Le réquisitoire de Christian Lüscher
"Pierre, rends au parti le service de démissionner"
Le conseiller national Christian Lüscher prend la parole en commençant par énumérer les tracas judiciaires de Pierre Maudet. Il s'exprime au nom du comité directeur du parti.
"Le codir te reproche principalement de t'être enfermé dans le mensonge (...). Tu as menti au public (...), tu as reçu des cadeaux qui excèdent largement les usages, tu as procédé à des acrobaties financières", critique notamment Christian Lüscher.
"Pierre, est-il dans l'intérêt du parti que tu restes conseiller d'Etat? Le codir a répondu non. Tu as été le meilleur d'entre nous, il y a une histoire d'amour entre le parti et toi. Si cette histoire d'amour est sincère, rends au parti le service de démissionner".
La prise de parole du président du parti
"Nous ne t'avons pas trahi, c'est toi qui nous as trahis"
L'assemblée générale commence. Environ 800 membres du PLR genevois sont là. En ouverture des débats, le président du parti Alexandre de Senarclens rappelle que le comité directeur a déjà appelé Pierre Maudet à démissionner, le 3 décembre dernier.
"Le comité directeur a été guidé par des considérations uniquement politiques", dit-il, ajoutant que le comité directeur ne s'est pas prononcé sur le bien-fondé des poursuites judiciaires.
Le comité directeur fait le constat que "malheureusement, pour la première fois, un conseiller d'Etat genevois a fait l'objet d'une levée de son immunité", relève Alexandre de Senarclens. Il dit déplorer les "mensonges répétés et construits" qui ont "terni [son] image.
"Pierre ne peut plus agir pour Genève"
"Genève ne peut pas être paralysé pendant des mois, voire des années, par un conseiller d'Etat mis en prévention (...). Dans ces circonstances, le comité directeur fait le constat que Pierre ne peut plus agir pour Genève", poursuit le président du parti.
"L'intérêt général est largement plus important que nos ambitions ou nos destins individuels. (...) Nous ne t'avons pas trahi, c'est toi qui nous as trahis", martèle encore Alexandre de Senarclens.
Pour le président du parti, "personne d'autre" que Pierre Maudet "n'est responsable de la crise". Et de conclure: "en partant, tu montrerais ta dignité et ta stature."
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Le déroulement
600 membres réunis autour d'une seule question
L'assemblée extraordinaire du PLR genevois, convoquée par les partisans de Pierre Maudet, doit débuter à 19h30 dans l'un des amphithéâtres de l'Uni Dufour à Genève.
Quelque 600 membres du parti - qui en compte environ 3000 - sont attendus. Ils devront répondre oui ou non à une seule question: "Confiance et soutien à Pierre Maudet?". Ou s'abstenir.
De nombreuses prises de parole sont prévues, qu'il s'agisse des partisans de Pierre Maudet ou de ses détracteurs qui estiment qu'il doit démissionner.
Le président du parti Alexandre de Senarclens ouvrira les débats. Son intervention doit être suivie de celle du conseiller national Christian Lüscher, qui s'exprimera pour le comité directeur, puis de celle de Pierre Maudet lui-même.
Les membres prendront ensuite la parole. Le vote à bulletin secret aura lieu à l'issue du débat.
Les enjeux de la soirée
Les conséquences possibles de l'assemblée
Pour Pierre Maudet, cette assemblée doit permettre une "prise de température". A l'issue de ce rendez-vous, le magistrat pourra compter ses soutiens au sein de la "base" du parti, ce qu'il a réclamé à plusieurs reprises.
Si le soutien est maigre, la position de Pierre Maudet sera bien sûr affaiblie. S'il est largement soutenu par la base du parti, sa légitimité à rester sera à l'inverse renforcée.
Quelle que soit l'issue du vote, Pierre Maudet, qui clame toujours son innocence, ne sera pas obligé de démissionner. Beaucoup considèrent d'ailleurs une telle issue comme très improbable.
Enjeu de taille pour le président du parti
Pour le président du parti, la soirée de mardi comporte aussi un enjeu de taille. Alexandre de Senarclens a fait savoir qu'il démissionnera dans les plus brefs délais si les membres du PLR Genève votent leur soutien à Pierre Maudet.
Avec le comité directeur du parti, il avait appelé début décembre à la démission de Pierre Maudet.
- novembre 2015: Pierre Maudet, sa famille, son chef de cabinet et un ami s’envolent en business class pour Abu Dhabi. Ils y assistent au Grand Prix de Formule 1 et logent à l’Emirates Palace, l’un des hôtels les plus chers du monde. Sur place, Pierre Maudet rencontre le prince héritier des Emirats arabes unis.
- 21 août 2017: le Ministère public est saisi d'un rapport de police émanant de la brigade financière de la police judiciaire. Ce rapport fait état de soupçons visant Pierre Maudet et son directeur de cabinet en lien avec ce voyage.
- 14 mai 2018: Pierre Maudet est auditionné à sa demande par la commission de contrôle de gestion du Parlement genevois, à propos de son voyage à Abu Dhabi. Au cours de l'audition, le magistrat affirme que ce voyage était "strictement privé", qu'il a été payé par l'ami d'un ami, et que sa rencontre avec le prince héritier des Emirats arabes unis était fortuite.
Parallèlement, le Ministère public genevois communique sur l’ouverture d’une procédure contre inconnu, avec comme chef d’accusation l’acceptation d’un avantage.
- 30 août 2018: Le Ministère public genevois saisit le Grand Conseil d’une demande d’autorisation de poursuivre Pierre Maudet du chef d’accusation d’acceptation d’un avantage. Selon le Parquet, les éléments de preuve recueillis mettent à mal la version de Pierre Maudet.
Le même jour, le conseiller d'Etat genevois accorde une interview à Léman Bleu dans laquelle il admet avoir "caché une partie de la vérité" sur son voyage à Abu Dhabi.
- 13 septembre 2018: Pierre Maudet annonce renoncer à la présidence du Conseil d’Etat de Genève. Le vice-président Antonio Hodgers va assurer la fonction à sa place. Le département de Pierre Maudet est une nouvelle fois réduit puisqu'il se voit encore retirer la responsabilité de l’aéroport de Genève et de la police.
- 20 septembre 2018: A la demande du Ministère public, le Grand Conseil genevois lève l’immunité de Pierre Maudet. Ce dernier appelait lui aussi de ses voeux cette mesure qui lui permet d’avoir accès au dossier de la justice.