A Genève, l'introduction du salaire minimum n'a pas eu d'impact significatif sur le taux de chômage
L'étude présentée jeudi a été réalisée à la demande du canton par une équipe de la Haute école de gestion et de l'Université de Genève. Elle visait à analyser les effets de l'introduction du salaire minimum sur le marché du travail pour vérifier des hypothèses émises pendant la campagne de votation. La gauche et les syndicats y voyaient un outil de réduction des inégalités alors que la droite et les milieux patronaux craignaient une hausse du chômage.
Selon cette étude, la chance des femmes de retrouver un emploi a augmenté de 6,5% par rapport aux hommes. "Je me réjouis de voir que le salaire minium a réduit les inégalités entre les femmes et les hommes sur le marché de l'emploi, même si ces inégalités persistent malheureusement encore", a relevé Delphine Bachmann, cheffe du Département de l'économie et de l'emploi.
Réduction du chômage des femmes
La première partie de l'étude, présentée en décembre 2023, montrait que le salaire minimum n'avait globalement pas eu d'impact sur le taux de chômage. Une conclusion confirmée par ce second volet qui décortique les données du chômage par catégories. "Nos craintes ne se vérifient pas, mais elles ne sont pas complètement levées", a relevé Pierre-Alain L'Hôte, président de l'Union des associations patronales genevoises (UAPG).
Selon le professeur José Ramirez, l'un des auteurs de l'étude, l'impact spécifique sur les femmes s'explique par le fait que la majorité des emplois à bas salaires sont occupés par des femmes. Le salaire minimum est donc une incitation forte pour les pousser à accepter un emploi. Au final, la durée du chômage des femmes s'est réduite relativement à celle des hommes, mais elle reste quand même plus élevée que pour les hommes.
Un marché qui s'est tendu
Pour les 18-25 ans, la durée du chômage reste inférieure aux plus âgés, mais dans une moindre mesure qu'avant l'introduction du salaire minium. Pour ces jeunes demandeurs d'emploi relativement peu formés, le salaire minimum a eu pour conséquence d'augmenter leur probabilité de se désinscrire du chômage sans pour autant que l'on sache ce qu'ils font. Il est toutefois probable que ces jeunes ont été incités à reprendre ou à finir une formation.
Selon le président de la Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS) Davide De Filippo, ces conclusions ne sont pas surprenantes. A l'origine de l'initiative qui a abouti à l'introduction de salaire minimum dans le canton, la CGAS se réjouit de l'effet positif sur les femmes. S'agissant des jeunes, il relève que le marché du travail s'est tendu. Il appelle les entreprises à donner une chance aux jeunes demandeurs d'emploi.
ats/boi
Deux autres rapports
Le canton et les partenaires sociaux attendent désormais les deux derniers rapports sur le salaire minimum. L'un va traiter des effets sur l'emploi alors que l'autre, qui sera scruté de près, se penchera sur le niveau salaires. Il permettra de voir s'ils ont été tirés vers le haut ou vers le bas. Ces deux derniers volets devraient être présentés d'ici fin 2025.
Un salaire minimum à 24,32 de francs
A Genève, le salaire minium s'élève en 2024 à 24,32 francs de l'heure, soit 4215 francs par mois pour 40 heures hebdomadaires. En 2024, il passera à 24,48 francs de l'heure.
Les cantons de Neuchâtel, du Jura, du Tessin et de Bâle-Ville ont aussi introduit un salaire minimum.