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A Genève, la directrice générale de l'IMAD a perçu 170'000 francs de primes non autorisées

La directrice générale de l'IMAD a perçu 170'000 francs de primes non autorisées. [Keystone - Martial Trezzini]
Genève: la prime "illégale" d'une directrice d'institution publique subventionnée fait réagir / Forum / 2 min. / mercredi à 18:05
La directrice générale de l'Institution genevoise de maintien à domicile (IMAD) a perçu 170'000 francs d'indemnités en dehors du cadre légal en vigueur. Fort de ce constat, le Conseil d'Etat genevois a demandé mercredi le remboursement de cette somme.

Ces indemnités, présentées comme des compléments de rémunération, sont justifiées par de nouvelles tâches que la responsable de l'IMAD a à endosser. Pour ce surplus de travail, la directrice générale a touché illégalement 60'000 francs pour 2023, et respectivement 50'000 francs et 60'000 francs à titre rétroactif pour 2021 et 2022.

En 2021, l'Etat de Genève avait décidé de suspendre le versement des indemnités de la directrice après un rapport pointant des sommes dépassant le montant maximum légal. Selon la législation, l'octroi de ces primes, découlant de nouvelles tâches à accomplir, est du ressort du Conseil d'Etat.

Mais en juin de l'année dernière, l'ancien conseil d'administration de l'IMAD – en fonction jusqu'à la fin du mois de janvier – a décidé de passer outre la décision du Canton et a approuvé le versement d'indemnités pour l'année 2023 ainsi que, rétroactivement, pour 2022 et 2021. La directrice générale de l'institution a ainsi perçu un total de 170'000 francs de primes, en plus de son salaire annuel.

Un nouveau cahier des charges

"L'ancien conseil d'administration de l'IMAD s'est assis sur le cadre légal et les compétences du Conseil d'Etat", a déclaré la présidente du gouvernement genevois Nathalie Fontanet devant les médias. Depuis cet épisode, l'IMAD a fourni le nouveau cahier des charges de la directrice générale de l'institution.

Le Conseil d'Etat va étudier ce cahier des charges et voir si ces compléments de rémunération sont légitimes. Cette réévaluation devrait être bouclée à la rentrée, a noté Nathalie Fontanet.

"L'héritage d'un problème non résolu"

Dans une prise de position publiée mercredi soir, Konstantinos Efthymiopoulos, président du nouveau conseil d'administration de l'IMAD, souligne qu'il "importe avant tout de rendre hommage à la directrice générale, dont la qualité remarquable du travail n'est nullement sujet à caution".

"S'agissant du montant des indemnités qui lui ont été versées en 2023, il s'agit pour plus de la moitié d'un cumul d'écritures comptables sur trois ans", poursuit le communiqué. "Ces compensations sont l'héritage d'un problème non résolu lors de la précédente législature lié aux engagements contractuels pris à la prise de fonction de la directrice générale il y a 13 ans."

Contactée, la responsable de l'institution n'a pas répondu à la RTS.

Une plainte possible

D'ici à l'évaluation du nouveau cahier des charges de la directrice, le gouvernement genevois a prié le nouveau conseil d'administration de l'IMAD "de réclamer le remboursement des indemnités" qui ont été perçues par la patronne de l'institution.

Les autorités estiment que l'affaire ne remet pas en cause le travail de la responsable. L'exécutif cantonal "examinera [toutefois] l'opportunité d'agir par toutes voies de droit utiles". Il se réserve ainsi le droit de porter plainte, sans préciser contre qui.

Dans le communiqué publié mercredi, Konstantinos Efthymiopoulos écrit que le conseil d'administration de l'IMAD a "déjà eu l'occasion de répondre" à la demande de remboursement exigée par le Conseil d'Etat genevois "dans le cadre d'un échange formel". Il assure également que "le conseil d'administration [...] œuvre pour une régularisation juste et pérenne de la situation, en collaboration avec le Conseil d'Etat, reconnaissant son autorité de déterminer la rémunération de la directrice générale".

Sans le versement de ces 170'000 francs d'indemnités l'année dernière, la rémunération de la patronne de l'IMAD aurait été de 290'000 francs, au lieu de 460'000 francs.

ap/iar avec ats

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