C'est une décision qu'a prise le Conseil d'Etat genevois mercredi. Il souhaite accorder à ces jeunes en difficulté une alternative à l'aide sociale en leur allouant chaque mois, pendant une année, une bourse d'étude reconduite au cas par cas. L'objectif? Changer le regard de ces jeunes sur eux-mêmes et le regard que peut avoir la société sur eux, pour leur permettre de prendre un nouveau départ.
Une offre qui n'est toutefois pas sans condition. Les jeunes de 18-25 ans qui souhaitent participer à ce programme intitulé "Jeunes adultes en formation et actives (JAFA)", doivent être éligibles à l'aide sociale et accepter d'être coachés de façon intensive, ciblée et individualisée, avant et pendant toute la durée de l'octroi de la bourse.
Julien Fluckiger est coach à la fondation Qualife, qui met en place ce projet pilote. Son but est de cerner les intérêts et motivations de ces jeunes, comme Léo, un participant du programme. "Le coaching professionnel reste le coeur de l'accompagnement. Par contre, il y a plein de choses qui peuvent influencer ce coaching individuel. On peut parler de questions administratives ou sociales. Tout ce qui à un moment donné peut prétériter l'entrée en formation est quelque chose qu'on va aborder. Maintenant, on n'est évidemment pas spécialiste de tout et si on doit se baser sur les expertises d'autres institutions, on va aussi le faire", témoigne-t-il jeudi dans La Matinale.
Beaucoup de jeunes qui n'ont pas de diplôme
Dans le canton de Genève, 2100 jeunes sont actuellement à l'aide sociale. Parmi eux, 70% ne possèdent pas de diplôme, comme Léo, rencontré par la RTS. "J'ai fait six mois de cycle et ensuite j'ai arrêté. Après, je suis rentré dans la Fondation officielle de la jeunesse. On faisait du cheval, du jardin, et ça me permettait de gagner un peu d'argent. Après ça, j'ai fait des stages en cuisine pendant deux ans. Ensuite, je me suis lancé dans mon apprentissage et maintenant, je suis ici", explique-t-il.
Pour Mathilde Appia , qui dirige la Fondation Qualife, cette bourse doit surtout permettre de montrer que ces jeunes peuvent remonter la pente. "Un jeune qui est à l'aide sociale, avec cette étiquette de jeune en rupture, ce n'est pas facile à porter surtout lorsqu'il s'agit de construire un projet professionnel. Là, l'idée, c'est de renverser complètement cette approche en disant que ce ne sont plus des jeunes en rupture, mais des jeunes en train de construire leur projet et qui, grâce à ça, méritent une bourse de préformation", analyse-t-elle.
Pour le canton, l’enjeu est donc d’investir un peu plus dans cette tranche d'âge clé des 18-25 ans, pour éviter un recours, à plus long terme, aux services sociaux. Un procédé qui fonctionne, si l'on regarde les résultats du canton de Vaud. Son programme FORJAD a démarré en 2006 sur des bases comparables à ce projet genevois. Et aujourd'hui, près de 6000 jeunes Vaudois ont suivi ce processus de bourse, avec un taux de réussite aux examens de 70%.
Selon ses responsables, le coût du programme a même été neutralisé grâce aux économies faites sur l'aide sociale.
Dominique Choffat