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Affaire Sperisen: une plainte contre la justice genevoise à la veille d'un nouveau procès

L'ancien chef de la police guatémaltèque Erwin Sperisen fait à nouveau face à la justice genevoise
L'ancien chef de la police guatémaltèque Erwin Sperisen fait à nouveau face à la justice genevoise / 19h30 / 2 min. / le 2 septembre 2024
Deux anciens dirigeants du Guatemala ont déposé une plainte pénale contre le procureur genevois Yves Bertossa dans le cadre de l'affaire Sperisen, s'estimant victimes de diffamation et de calomnie. Une annonce qui intervient à la veille d'un nouveau procès d'Erwin Sperisen, qui repart de zéro.

L'ex-président du Guatemala Alejandro Giammattei et son ex-ministre de l'Intérieur Carlos Vielmann dénoncent l'attitude d'Yves Bertossa à leur encontre, ont-ils fait savoir via les médias.

"Dans la procédure pénale toujours en cours contre Erwin Sperisen, le premier procureur les qualifie à plusieurs reprises de membres d'une organisation criminelle, bien qu'ils aient été acquittés par divers tribunaux, y compris en Europe. Ce faisant, le procureur porte délibérément atteinte à l'honneur du président Giammattei et du ministre Vielmann", a écrit l'avocat des plaignants Dominic Nellen dimanche dans un courrier aux médias.

Toujours selon ce document, les plaignants "ne sont plus disposés à accepter cette atteinte à leur réputation et exigent que le procureur rende des comptes et soit sanctionné".

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Le quatrième procès d'Erwin Sperisen aura lieu entre le 2 et le 13 septembre prochain à Genève. [Keystone]Keystone
Le quatrième procès d'Erwin Sperisen a débuté lundi à Genève / Le 12h30 / 1 min. / le 2 septembre 2024

Quatrième procès d'Erwin Sperisen

La plainte pénale a été déposée le 29 août, soit quelques jours avant l'ouverture lundi, devant un tribunal genevois, du quatrième procès d'Erwin Sperisen. L'ex-chef de la police nationale civile du Guatemala est accusé de complicité d'assassinat lors d'une opération des forces de l'ordre en septembre 2006 au pénitencier de Pavon.

A l'époque, cet établissement guatémaltèque se trouvait sous la coupe des narcotrafiquants. Au cours de l'opération, sept détenus avaient été tués. Aux yeux du Ministère public genevois, ces prisonniers ont été exécutés froidement avec l'accord d'Erwin Sperisen.

Une affaire qui dure depuis douze ans

L'affaire Sperisen, émaillée de multiples recours au Tribunal fédéral, dure depuis plus de douze ans. Le double national suisse et guatémaltèque, aujourd'hui âgé de 54 ans, s'est réfugié en Suisse avec sa famille en 2007. Il a été arrêté à Genève en 2012. Il a passé plus de onze ans privé de liberté, entre détention préventive, assignations à résidence et peine de prison.

Mais toutes ses condamnations ont été annulées l'an passé et son procès reprend à zéro dès lundi. En juin 2023, la Cour européenne des droits de l'homme a en effet décidé d'annuler la condamnation décidée par la justice genevoise, estimant qu'Erwin Sperisen n'a pas bénéficié d'un procès équitable. L'ancien policier a ainsi été libéré l'an dernier.

La défense est remontée à bloc pour ce nouveau procès. Offensive, elle met une pression sans précédent sur la justice genevoise. Erwin Sperisen dit n'avoir aucune confiance d'ailleurs dans cette justice et ses avocats ont demandé en vain la récusation de la juge qui présidera les débats. Ils vont plaider l'acquittement.

Le Ministère public, lui, n'en démord pas: malgré l'acquittement des complices d'Erwin Sperisen par des tribunaux européens, il maintient toutes ses charges. D'ailleurs, pour lui, l'annulation du jugement ne portait que sur les soupçons d'impartialité d'une juge mais ne remet en aucun cas en cause le reste des faits reprochés.

>> Lire aussi : Erwin Sperisen libéré après l'annulation de sa condamnation à 15 ans de prison

Sujet radio: Mohamed Musadak

Texte web: boi/sjaq avec ats

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Plainte d'un ancien lieutenant

Les anciens officiels guatémaltèques ne sont pas les premiers à s'en prendre à la justice genevoise dans le cadre de cette affaire. Le 26 août, c'est Javier Figueroa, l'ancien lieutenant d'Erwin Sperisen, qui avait déposé plainte pour calomnie contre le premier procureur genevois.

>> Lire : Le bras droit d'Erwin Sperisen débouté par le Tribunal fédéral