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Ces communes genevoises fortunées qui produisent beaucoup de déchets et les trient peu

Genève veut introduire l’obligation du tri des déchets, mais les communes ne sont de loin pas toutes exemplaires
Le comportement des Genevois dans le tri des déchets varie fortement d'une commune à l'autre / 19h30 / 2 min. / le 31 août 2024
A Genève, les ménages de certaines communes aisées génèrent de grandes quantités de déchets et recyclent moins que les autres. Analyse des disparités au sein du dernier canton à lutter contre la taxe au sac.

"Trions mieux": ce message, martelé par les autorités genevoises lors de multiples campagnes de sensibilisation, trouve un écho bien différent à travers le canton. Le comportement des Genevois et des Genevoises varie d'une commune à l'autre, selon une analyse des données des déchets des ménages réalisée par la RTS.

Les localités aisées de la rive gauche du lac se distinguent particulièrement. Plusieurs d'entre elles oscillent autour des 250 kilos de déchets incinérés par habitant chaque année. C'est environ 60 kilos de plus que la moyenne cantonale et 90 kilos de plus qu'à Laconnex, le "meilleur élève" du canton.

Un résident d'Anière, Collonge-Bellerive ou Vandoeuvres jette ainsi en moyenne l'équivalent de 60 sacs-poubelles de 4 kilos par an. Celui de Laconnex moins de 40.

"Toute commune avec un pouvoir d'achat élevé consomme plus"

Est-ce que cette forte production de déchets est liée à la richesse de ces communes, qui comptent de nombreux ménages fortunés?

"C'est inévitable", reconnaît René Stalder, conseiller exécutif en charge de la gestion des déchets à Vandoeuvres, interrogé samedi dans le 19h30 de la RTS. "Toute commune avec un pouvoir d'achat élevé consomme plus, c'est logique. Même au niveau mondial, des pays avec un PIB élevé produisent plus de déchets."

Les différences de comportements ne s'arrêtent pas là. Parmi ces gros producteurs de déchets, on retrouve aussi parfois ceux qui trient le moins leurs poubelles.

C'est le cas de Vandoeuvres. Hors déchets organiques, son taux de recyclage atteint à peine 25%, contre 50% à Laconnex, selon les dernières données disponibles.

Vandoeuvres veut rattraper son retard

La commune de Vandoeuvres essaie de comprendre d'où vient le problème. Elle a envoyé un sondage à ses 2900 habitants et habitantes en 2022 et a mandaté une entreprise pour analyser le contenu des poubelles.

Pour René Stalder, le faible taux de tri est essentiellement lié aux infrastructures. Une déchetterie au centre du village a été supprimée pour faire place à des immeubles. Il n'existe que trois points de collecte (écopoints) et une déchetterie en périphérie.

"Nous avons des quartiers très espacés. Nous ne pouvons pas mettre des écopoints que pour quelques maisons", poursuit le conseiller exécutif de la commune.

La Municipalité tente toutefois de rattraper son retard. "Nous avons récemment développé la collecte des déchets de cuisine, qui représente un tiers du contenu de nos poubelles incinérables. Nous avons aussi mis en place une levée de cartons et papiers en porte-à-porte", ajoute René Stalder. Une nouvelle déchetterie, accessible en voiture, devrait également voir le jour fin octobre.

>> Le point sur les différences entre les cantons dans le 19h30 avec Charlotte Onfroy-Barrier :

Genève est le seul canton romand à ne pas appliquer de taxe au sac. Le point avec Charlotte Onfroy-Barrier
Genève est le seul canton romand à ne pas appliquer de taxe au sac. Le point avec Charlotte Onfroy-Barrier / 19h30 / 1 min. / le 31 août 2024

"Notre but, c'est d'éviter la taxe au sac"

Changement d'ambiance à Laconnex, rare commune à atteindre l'objectif visé par le canton avec moins de 160 kilos de déchets incinérés par habitant.

La déchetterie, placée à l'entrée du village, suffit pour accueillir les déchets de ses quelque 700 habitants. "La déchetterie est ancrée dans l'esprit des gens. Elle se trouve en haut du village, les habitants y viennent et point final", explique Jean-Pierre Gantner, conseiller exécutif en charge des déchets à Laconnex.

Malgré ses bons chiffres, la commune reste proactive sur le sujet. Elle veut par exemple sensibiliser les enfants avec un programme "zéro déchet" à l'école, en collaboration avec l'association Zero Waste Switzerland.

La volonté est claire: "Notre but est d'éviter cette taxe au sac. Elle entraînerait encore des frais supplémentaires pour les ménages, surtout pour les personnes âgées", craint Jean-Pierre Gantner.

L'obligation de tri dans l'attente du TF

Malgré les grandes différences de comportement entre les communes, le canton ne prévoit pas de mesures visant les mauvais élèves. "C'est l'habitant qui nous intéresse, quel que soit son lieu de résidence. Par contre, puisque nous validons le règlement communal qui comprend les écopoints, nous pouvons pousser les communes vers un réseau d'infrastructures plus ambitieux", indique Pauline de Salis-Soglio, secrétaire générale adjointe au Département du territoire.

Pour atteindre ses objectifs sans introduire de taxe au sac, le canton compte sur la révision de sa loi sur les déchets, qui prévoit l'obligation de tri. Invalidée par la Confédération, elle est bloquée depuis deux ans, mais un recours a été déposé au Tribunal fédéral.

>> Lire:  : Pour éviter la taxe au sac, le canton de Genève saisit le Tribunal fédéral

Valentin Tombez et Gianluca Agosta

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Tourisme de déchets à Céligny?

La commune de Céligny, enclave au sein du canton de Vaud, enregistre la plus grande quantité de déchets incinérés du canton de Genève: 290 kilos par habitant chaque année en moyenne entre 2018 et 2022.

Ces chiffres pourraient provenir d'un tourisme de déchets de résidents vaudois cherchant à éviter leur taxe au sac. C'est une hypothèse formulée par la commune, sans certitude, qui précise aussi que les déchets des entreprises n'ont été séparés de la statistique des déchets des ménages que depuis 2022.

A noter qu'en 2022, dernier chiffre disponible, la commune a enregistré une baisse notable. La quantité de déchets incinérés a chuté à 242 kilos par habitant. Un chiffre toutefois encore largement au-dessus de la moyenne cantonale, à environ 190 kilos par habitant.