"Eviter les doublons pour que les coûts de la santé se stabilisent", plaide le directeur des HUG
Arrivé à la tête des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) il y a tout juste 100 jours, Robert Mardini a pris les commandes d’une institution aux missions complexes. "Apprendre, écouter, visiter les équipes sur le terrain" a été sa priorité. "Les HUG sont une institution fascinante, avec des équipes engagées et motivées", affirme-t-il mercredi dans La Matinale, insistant sur l'importance de servir la population.
Avec 13'000 employés et un budget de 2,5 milliards de francs, les HUG doivent composer avec des déficits structurels. "Plus l'hôpital a une activité intense, plus il perd de l'argent", résume le nouveau directeur, citant des remboursements insuffisants des assureurs. La manne cantonale est donc essentielle pour maintenir l'accès aux soins et financer la recherche.
>> Lire aussi : Les hôpitaux universitaires suisses sous forte pression financière
Des synergies avec le CHUV
Pour limiter les coûts et gagner en efficience, le directeur général des HUG préconise un renforcement des partenariats avec d'autres hôpitaux, notamment le CHUV à Lausanne. "Des synergies existent déjà dans les transplantations et la médecine légale", rappelle-t-il.
Si "dupliquer toutes les spécialités à 60 kilomètres de distance" n'est pas viable pour un bassin de deux millions d'habitants, une fusion des deux hôpitaux reste toutefois prématurée: "Il faut d'abord pousser les collaborations plus loin."
"Il y a une énorme marge de manœuvre pour travailler plus en partenariat, en réseau, déjà avec les acteurs sanitaires du canton et de la Romandie (...) pour éviter les doublons et faire en sorte que les coûts de la santé se stabilisent et arrêtent cette progression inéluctable", indique Robert Mardini.
Crise des ressources humaines
Les ressources humaines constituent un autre défi central pour les HUG. Avec un taux d'absentéisme atteignant 9% hors congé maternité, Robert Mardini estime que l'amélioration de la qualité de vie au travail est essentielle: "Il faut un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, tout en valorisant les métiers médico-soignants et les fonctions de soutien", précise-t-il.
Concernant les salaires, le directeur se montre en revanche prudent. "Les salaires aux HUG sont déjà supérieurs à ceux de nombreux hôpitaux universitaires suisses", souligne-t-il. Les relever nécessiterait des budgets supplémentaires et risquerait de déséquilibrer le marché.
Enfin, questionné sur la pénurie de main-d'œuvre, Robert Mardini confirme qu'il existe en effet un déficit à combler. Un obstacle qui pourra être franchi selon lui en investissant encore plus dans la formation, véritable "pierre angulaire" de la réponse à apporter. Il rappelle d'ailleurs que "les HUG recrutent massivement dans le canton, avec 95% des soignantes et des soignants qui sont fraîchement diplômés des Hautes études de santé".
>> Lire aussi : Le canton de Genève s'engage à moins recourir au personnel de santé français
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Tristan Hertig