Des parents dénoncent les questions d'un spécialiste de l'autisme sur leur vie sexuelle
Le directeur de la fondation Pôle Autisme est une référence en la matière à Genève. Des parents dénoncent cependant l'intérêt de Stephan Eliez pour leur vie intime et sexuelle. "Il voulait savoir qui dans le couple avait le plus de désir, comment nous gérions la situation", témoigne la mère d'une petite fille autiste dans La Tribune de Genève.
Un autre patient s'étonne. Il vient d'apprendre le diagnostic de son fils et le psychiatre cherche à savoir si son épouse se donne du plaisir en dehors du temps passé avec lui.
Pratiques incompréhensibles
Pour plusieurs spécialistes, ces pratiques sont incompréhensibles. C'est aux parents de parler de leur sexualité s'ils le souhaitent. "En tant que parent d'enfant ordinaire, si vous avez un souci d'éducation avec votre enfant, est-ce qu'on va venir sur la sexualité avec votre mari?", questionne la neuropsychologue Cécile Coudert dans le 19h30 de la RTS.
"On part du postulat que si les parents sentent qu'ils ont une difficulté, ils sont assez grands pour aller chercher de l'aide", affirme quant à elle Isabelle Steffen, la coprésidente de l'Association autisme Suisse romande. "Et s'il s'agit d'une difficulté de leur vie intime, je ne pense pas que c'est auprès d'un pédopsychiatre que les familles viendraient chercher de l'aide, mais peut-être plutôt chez un sexologue", ajoute-t-elle.
"Inhérent au travail d'un thérapeute de famille"
Plus de deux ans après l'éclatement du scandale dans le foyer de Mancy, créé par Stephan Eliez, le professeur se retrouve donc sous le feu des critiques.
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Le spécialiste de l'autisme a accepté d'y répondre dans le 19h30. Il affirme n'avoir jamais reçu de plainte à ce sujet, alors que des sondages anonymes de satisfaction sont envoyés aux patients. Pour lui, la sexualité fait partie de sa prise en charge globale de la famille.
"Même si c'est un élément marginal, qui concerne peut-être 10% des familles, la question de la sexualité doit être abordée. C'est inhérent au travail d'un thérapeute de couple et de famille", estime-t-il. "Il y a une surreprésentation des couples qui se séparent et on sait que les couples qui sont séparés ou qui n'arrivent pas à continuer ensemble auront plus de difficultés à faire face aux besoins de leur enfant", poursuit-il.
Selon la Tribune de Genève, ces questions intimes auraient toutefois également été abordées avec certaines des jeunes collaboratrices de Stephan Eliez, qui affirment "qu’il ne comprend pas toujours que ses actions ont un impact sur les patients et employés".
Ce débat, qui concerne des personnes vulnérables, est sensible. D'autant plus qu'à Genève comme partout en Suisse romande, il manque cruellement de spécialistes formés à la prise en charge de patients autistes.
Julien Chiffelle/edel