Intitulée "Patrimoine en péril", l'exposition du Musée d'Art et d'Histoire met en lumière des œuvres d'art palestiniennes qui ont échappé à la destruction. Arrivées en Suisse en 2007 pour une exposition temporaire, ces pièces n'ont jamais pu retourner à Gaza en raison de la guerre au Proche-Orient. Genève est devenue le musée refuge de ces œuvres de grande valeur.
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"On était dans les starting-blocks pour commander le container et mettre les objets à l'intérieur pour que ça reparte, mais ils sont toujours là", explique Béatrice Blandin, commissaire de l'exposition. C'est l'Autorité nationale palestinienne qui a demandé au musée de conserver les œuvres en Suisse.
On peut reconstruire une école, un logement. Mais si on a effacé des œuvres du patrimoine, c'est irrécupérable.
Une collection de 500 objets
La collection, composée de 500 objets appartenant à l'Autorité nationale palestinienne, comprend des éléments d'architecture, des statues et des lampes à huile. "C'est devenu une collection de référence, vu les destructions qu'il y a eues récemment", souligne Béatrice Blandin.
L'exposition "Patrimoine en péril" vise à sensibiliser le public à la destruction des richesses culturelles. Sami Kanaan, conseiller administratif de la ville de Genève, insiste: "On peut reconstruire une école, un logement. Mais si on a effacé des œuvres du patrimoine, c'est irrécupérable."
Des interventions à la bande de Gaza
Pour protéger le patrimoine encore menacé à Gaza, la fondation Aliph (pour l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit) intervient dans 35 pays en conflit. A Gaza, elle collabore étroitement avec le Palestinian Museum en Cisjordanie pour sauver des œuvres et stabiliser les lieux culturels. Le Musée culturel d'Al-Qarara, au sud de Gaza, a partiellement été touché, mais pas autant que celui de Rafah. Les interventions dans ce dernier musée étaient autrement plus compliquées en raison de l'activité militaire importante dans la région de Rafah.
C'est l'histoire de ces objets et derrière, c'est l'histoire de ces hommes et ces femmes.
C'est d'ailleurs à l'aide des images satellites que les équipes se renseignent sur les dégâts en cours. Olivier Van Damme, chef de la planification stratégique, précise: "Les données sont fiables dans le sens où elles sont objectives, l'image montre une situation à un instant T." Cependant, il souligne aussi que les images sont insuffisantes pour connaître les dommages plus légers. Au total, sur les 120 lieux d’intérêt culturels surveillés à Gaza, 19 ont été détruits, 17 sont gravement endommagés et 27 le sont modérément.
Les risques de pillages
Cependant, les dégâts causés par les conflits ne sont pas la seule menace. Amer Shomali, directeur général du Palestinian Museum, alerte: "Nous avons été confrontés à de nombreux pillages à Gaza pendant la guerre. Le pillage est aussi un autre gros problème en plus des bombardements." Pour les Palestiniens qui participent à la protection du patrimoine, sauver ces œuvres, c'est préserver leur mémoire. "A force d'effacer notre culture, à un moment donné, nous aurons l'impression que nous n'avons jamais existé", déplore Amer Shomali.
Grâce aux efforts conjoints d'Aliph et des acteurs locaux, 2500 pièces ont été secourues des ruines du musée Al Qarara. Valéry Freland, directeur exécutif d'Aliph, souligne l'importance de ce travail: "Ce sont toujours des moments émouvants de voir des œuvres sauvées des décombres. C'est l'histoire de ces objets et derrière, c'est l'histoire de ces hommes et ces femmes."
La destruction du patrimoine étant de plus en plus utilisée comme arme de guerre, Aliph est très sollicité. "On va partout parce qu'on fait de la protection concrète de terrain. On ne prend pas de décision politique, on protège concrètement le patrimoine qui en a besoin", affirme Valéry Freland.
Sujet TV: Martial Gérardin et Camille Rivollet
Rédaction web: itg