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Désormais clairement minoritaire au Parlement genevois, la gauche multiplie les référendums

Désormais minoritaire au Parlement genevois, la gauche multiplie les référendums. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Explosion des référendums de la gauche genevoise, désormais minoritaire au Grand Conseil / La Matinale / 1 min. / le 10 juillet 2024
Face à un Grand Conseil majoritairement à droite, les référendums de la gauche genevoise explosent pour tenter de contrer les projets de loi du camp adverse. Certains militants passent une partie de leur été à récolter des signatures.

Pour s'opposer à une droite désormais clairement majoritaire au Grand Conseil, la gauche a trouvé une parade: multiplier les référendums sur les lois qu'elle juge primordiales et qu’elle n'a pas réussi à bloquer au Parlement cantonal.

Depuis les élections d'avril 2023, la gauche a déjà lancé huit référendums, soit quasiment le même nombre que sur l'entier de la législature 2018-2023.

Cette situation est due au nouveau visage du Grand Conseil: lors des dernières élections législatives, le parti Ensemble à Gauche (EàG) a disparu de l’échiquier politique, alors que le mouvement Libertés et Justice sociale du conseiller d'Etat Pierre Maudet a fait son entrée au Parlement. Avec 33 sièges sur 100, les Vert-e-s et les socialistes sont aujourd'hui largement minoritaires.

Une droite arrogante?

Cette nouvelle répartition des forces politiques rend quasiment impossible pour la gauche de faire passer des projets, hormis avec des alliances de circonstance.

Plusieurs sessions du Grand Conseil ont donné lieu à de vifs échanges. Dans les travées du Parlement, certains élus parlent de la droite comme d'un "bulldozer fiscal" ou comme étant à l’origine de "flibusterie politique". A gauche, des députés dénoncent son "arrogance". Pierre Nicollier, président du PLR genevois - le parti principalement visé par les critiques - réfute les accusations et nie un passage en force systématique. Il reconnaît toutefois que lorsque le dialogue est impossible sur certains dossiers, la droite "tire en effet profit" de sa majorité.

La députée centriste Patricia Bidaux ajoute que la gauche n'a jamais hésité à profiter de sa position majoritaire par le passé.

Une stratégie qui porte ses fruits

La stratégie de la gauche a - pour le moment - été soutenue dans les urnes. Elle a récemment remporté des référendums sur le logement, contre l'augmentation des propriétés par étage (PPE), et sur les crèches, contre l'assouplissement du socle minimal des conditions de travail dans les institutions privées.

>> Relire : Genève dit "non" à plus de PPE à Praille-Acacias-Vernets, le Cé qu'è lainô devient l'hymne officiel et Genève dit "oui" à l'interdiction des symboles de haine, trois "non" aux autres objets

En septembre, la population genevoise devra se prononcer sur la baisse d'impôts pour les entrepreneurs actionnaires et sur le raccourcissement de la formation des enseignantes et enseignants du primaire de quatre à trois ans, deux textes attaqués par des référendums déposés par la gauche.

La stratégie pourrait également avoir un impact sur les projets de loi eux-mêmes. Les objets du PLR devraient désormais être pensés afin d'être prêts à passer devant le peuple, avec des intitulés plus accrocheurs ou des termes plus mesurés, a confié Pierre Nicollier à la RTS.

Pour la députée du Centre Patricia Bidaux, la stratégie de la gauche pose une autre question: "Est-ce qu’on a le temps de s’intéresser réellement aux objets de vote quand il y en a autant?" Elle craint une trop forte augmentation de leur nombre, "d’autant plus depuis que le nombre de signatures nécessaires a récemment baissé à Genève" [de 2% à 1,5% du corps électoral, ndlr].

Tania Sazpinar/iar

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