Le journal Le Temps vit une nouvelle crise, moins d’un an après l’annonce d’un important déficit et de trois licenciements. Le président du conseil d’administration du titre, Yves Daccord, quitte son poste avec effet immédiat, a annoncé le journal vendredi. Il sera remplacé jusqu’en juin par la vice-présidente, Abir Oreibi.
Dans le même temps, l’un des cinq membres du conseil de fondation d’Aventinus, propriétaire du Temps, a fait part de son intention prochaine de démissionner, a appris le Pôle enquête de la RTS.
Divergences dans la gouvernance
"La démission d’Yves Daccord intervient à la suite de discussions au sein du conseil d’administration", explique le journal. "Les membres du conseil et Yves Daccord ont pris acte de leurs divergences dans la mise en œuvre de la gouvernance du Temps." Ces divergences ne sont pas explicitées mais elles ont été actées mardi passé lors du dernier conseil d'administration du titre.
Vendredi, Yves Daccord a expliqué "avec tristesse", dans un message interne, que ces différends ne lui permettaient plus de représenter le conseil "avec l'authenticité et l'alignement nécessaire". Selon différentes sources, il lui était notamment reproché d'être trop proche de la rédaction du titre. Contacté par la RTS, l’ancien directeur du CICR n’a pas répondu aux sollicitations.
Espoirs déchus
Ce départ surprise a fait l’effet d’une bombe en interne. Beaucoup fondaient de réels espoirs en Yves Daccord, notamment pour convaincre la fondation Aventinus d'investir davantage dans le journal. Le dirigeant était également perçu comme à même d'apaiser une rédaction blessée, désorientée par une ligne éditoriale parfois contradictoire. Avec le départ l'automne dernier de l'administrateur délégué Tibère Adler, Yves Daccord était vu comme un pacificateur, une personne à l'écoute des employés, capable de relever le titre.
Il a d'ailleurs lancé fin 2023 un projet, appelé "Tempo". Selon les informations recueillies par la RTS, trois consultants ont été mandatés pour rétablir une ligne éditoriale et une sorte de sens des valeurs au Temps. Ils s'attèleront également à développer la stratégie du titre. Sauf surprise, ce projet ne devrait pas être remis en cause par le départ d'Yves Daccord.
Coup de théâtre
Vendredi, il a également été question d'un éventuel départ de François Longchamp, président et homme fort de la fondation Aventinus. Ce que l’ancien conseiller d’Etat genevois dément formellement. "Mon mandat est certes statutairement limité dans le temps, mais son échéance n’est pas encore venue et je n’envisage de toute façon pas de quitter la présidence, à tout le moins durant cette année 2024", assure-t-il à la RTS.
Ce démenti interpelle car, selon les renseignements de la RTS, le départ de François Longchamp avait été annoncé jeudi en interne. C’est finalement un autre départ, totalement inattendu, qui a filtré vendredi après-midi. Celui de Jérôme Koechlin, cadre à la banque Reyl et membre du conseil de fondation. "Il nous a indiqué son désir de quitter le conseil lors de la prochaine assemblée générale", confirme François Longchamp. La raison de cette démission reste floue, la RTS n’ayant pas eu de retour de la part de l’intéressé. Mais Jérôme Koechlin était pressenti pour succéder justement à François Longchamp à la tête de la fondation Aventinus.
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Raphaël Leroy, Pôle enquête RTS