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Erwin Sperisen garde le silence mais réclame des indemnités à hauteur de 8 millions de francs à l'Etat de Genève

Reprise à Genève du procès de l’ancien chef de police du Guatemala Erwin Sperisen. [EPA/ Keystone - Salvatore di Nolfi]
Reprise à Genève du procès de l’ancien chef de police du Guatemala Erwin Sperisen / Le 12h30 / 1 min. / le 3 septembre 2024
Erwin Sperisen a refusé mardi de répondre aux questions de la Chambre pénale d'appel et de révision de Genève sur les faits qui lui sont reprochés. L'ancien chef de la police du Guatemala, accusé de complicité d'assassinat, veut toutefois obtenir réparation et réclame des indemnités à hauteur de 8 millions de francs.

"J'ai été signalé, accusé et condamné par des personnes qui n'ont jamais mis les pieds au Guatemala et ne connaissent pas ce pays", a souligné Erwin Sperisen en espagnol. Il s'est dit aujourd'hui "fâché et triste".

Ces mêmes personnes, "confortablement installées dans leur fauteuil", ont une interprétation personnelle de ce qu'elles pensent qui s'est produit ou ne s'est pas produit à 10'000 kilomètres de Genève, a-t-il avancé. Erwin Sperisen a estimé avoir été condamné sur la base de preuves "douteuses" et réclame aujourd'hui son acquittement.

Des millions de francs de réparation

Privé de liberté pendant 11 ans, condamné pour assassinat, puis pour complicité d'assassinat, jugé déjà trois fois à Genève, Erwin Sperisen veut également obtenir réparation. Ses avocats ont demandé, mardi, devant la Chambre pénale d'appel et de révision, des indemnités à hauteur de 8 millions de francs à l'Etat de Genève. Une somme qui comprend les frais de défense.

Ils ont également demandé aux juges d'acquitter le double national suisse et guatémaltèque. Ils les ont invités à prononcer un jugement de réparation et non pas un jugement d'opprobre. "Il vous faut reconnaître qu'Erwin Sperisen a été victime d'une erreur judiciaire". Selon eux, aucun élément dans le dossier ne prouve qu'Erwin Sperisen a été membre d'une organisation criminelle.

Aide sociale

Erwin Sperisen a évoqué sa situation personnelle, qualifiée de compliquée.

Sur sa situation financière, Erwin Sperisen a précisé que depuis son arrestation en 2012 à Genève, sa famille et lui ont vécu en partie grâce à l'aide sociale et à l'emploi que son épouse avait auprès du gouvernement guatémaltèque. Il lui a été impossible de trouver, de son côté, du travail. "Quand on voit mon nom, on ne m'engage pas."

Erwin Sperisen s'est aussi adressé au premier procureur Yves Bertossa, qui soutient l'accusation. Selon la loi suisse, a-t-il rappelé, "le garant de la vérité" doit investiguer à charge et à décharge. Or, "il n'a fait que chercher des preuves à mon encontre", a déploré l'ancien haut fonctionnaire guatémaltèque.

Avant l'interrogatoire d'Erwin Sperisen, le tribunal avait rejeté les questions préjudicielles de la défense, qui avait notamment demandé l'audition d'une vingtaine de témoins, dont l'ancien président du Guatemala Oscar Berger.

Des faits qui datent de 2006

Erwin Sperisen est accusé d'avoir donné son accord à l'exécution extrajudiciaire de sept détenus par un commando de tueurs. Les faits se sont produits en 2006, lors de la reprise en main par les forces de l'ordre de la prison de Pavon, au Guatemala. L'établissement était contrôlé de l'intérieur par les narcotrafiquants.

L'affaire dure depuis 12 ans et est remontée jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), qui a estimé qu'Erwin Sperisen n'avait pas bénéficié d'un procès équitable en 2018. Suite à cette décision, sa condamnation pour complicité d'assassinat a été annulée l'année passée. Erwin Sperisen a été libéré le 20 octobre dernier et attendait depuis son nouveau procès, le quatrième, qui s'est ouvert lundi.

Le réquisitoire du représentant du Ministère public aura lieu mercredi matin.

>> Les dates clés de cette saga judiciaire dans le 19h30 de lundi :

L'ancien chef de la police guatémaltèque Erwin Sperisen fait à nouveau face à la justice genevoise
L'ancien chef de la police guatémaltèque Erwin Sperisen fait à nouveau face à la justice genevoise / 19h30 / 2 min. / le 2 septembre 2024

ats/ami

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