Genève présente un plan pour lutter contre les violences domestiques, au plus haut depuis 10 ans
Au total, 1939 infractions ont été constatées l'an passé dans le canton de Genève. Une partie de la hausse est due au fait que ces violences sont mieux détectées, car la population et les institutions, en particulier la police, sont mieux sensibilisées. Mais selon le Canton, cela n'explique pas tout: il y aurait bel et bien une hausse réelle des violences.
Selon ces chiffres, qu'il s'agisse de violences psychologiques, sexuelles ou économiques, le schéma est presque toujours le même: 84% des auteurs sont des hommes et 88% des victimes sont des femmes. La grande majorité des auteurs sont des partenaires ou des ex-partenaires. Par ailleurs, 12% des cas concernent les enfants.
Sensibilisation, protection et coordination
Le Conseil d'Etat souhaite donc réagir sous la forme d'un plan d'action en quatre points, dont le premier vise à mieux sensibiliser dès le plus jeune âge. Les cours d'éducation sexuelle à l'école seront renforcés, avec un accent mis sur le consentement. Pour les adolescents qui vivent leurs premières relations amoureuses, un accent particulier sera mis sur la violence de couple.
"Ces cours sont parfois l'objet de polémiques ou de contestation, mais ils sont un outil essentiel en matière de prévention des abus", relève la conseillère d'Etat Nathalie Fontanet. "La dimension genrée des violences apparaît dès 13 ans au moment des premières expériences de couple avec déjà une volonté de contrôle et des insultes."
Le second volet concerne la protection des victimes, qui sera encore renforcée. "On a mis plusieurs campagnes en route qui permettent aux victimes de contacter les associations", annonce la présidente du Conseil d'Etat dans le 12h45. Un projet de bracelet électronique est à l'étude et l'accompagnement psychologique sera aussi développé.
Une meilleure prise en charge des auteurs
La prise en charge des auteurs de violences sera aussi renforcée pour éviter la récidive. Car de ce côté, la situation a empiré: seuls 70% des agresseurs se rendent à l'entretien sociothérapeutique.
Ce plan se déploiera jusqu'en 2028. Le Canton rappelle enfin que les cas identifiés ne restent que la "pointe de l'iceberg". Il souhaite lancer une grande enquête auprès de 10'000 personnes tirées au sort, hommes et femmes, pour mieux évaluer l'ampleur de la partie immergée.
Anouk Pernet/Camille Rivollet/jop