Lors de la rentrée de septembre à l'Université de Genève (UNIGE), un simple agenda avait déchainé les passions. Éditée et distribuée par la Conférence Universitaire des Associations d’Etudiant.s (CUAE), l'édition "problématique" comprenait notamment le slogan "From the river to the sea", qui réclame que la Palestine soit libérée "du Jourdain à la mer". Selon certains, ce slogan appelle à la destruction de l’Etat d’Israël.
Il est également fait mention de la commémoration des "55 ans du triple détournement d'avion du Front de libération de la Palestine".
Des slogans pouvant "heurter"
Faute d'explications, ces indications prêtaient à des interprétations divergentes et pouvaient heurter et diviser dans un contexte déjà très tendu, selon le rectorat.
Le carnet a donc été interdit et une mise en conformité a été exigée. Sans cela, la CUAE était menacée de perdre son statut officiel et ses subventions. L’association estudiantine avait alors crié à la censure.
Un terrain d'entente trouvé
Mais cette semaine, nouveau revirement: l'agenda pourra finalement être offert aux étudiants et étudiantes. Le rectorat de l'UNIGE a donné son autorisation après l'ajout de textes qui contextualisent les mentions controversées en lien avec la situation au Proche-Orient.
Concrètement, un code QR qui renvoie sur le site internet de la CUAE a été ajouté dans les carnets. En ligne, l'association faîtière explique que le slogan "From the river to the sea" a deux interprétations possibles: une lecture nationaliste d'un côté et, de l'autre, un symbole de coexistence pacifique au Moyen-Orient. C'est dans ce dernier sens que la phrase a été utilisée, assure le syndicat.
La contextualisation proposée permet de lever ces ambiguïtés, relève le rectorat sur le site internet du Journal de l'Université.
La CICAD se dit consternée
La décision ne passe pas auprès de tous. Pour le secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (CICAD), ce revirement est une forme de désaveu pour le rectorat.
Johanne Gurfinkiel déplore ainsi "une prise en otage de l'institution universitaire par des groupuscules propagandistes".
De son côté, la CUAE ne souhaite pas s'exprimer, mais elle indique qu'elle publiera un communiqué dans les prochains jours.
Sujet radio: Miguel Hernandez
Adaptation web: doe avec ats