L'UNIGE dépose une plainte pour violation de domicile visant les étudiants propalestiniens
Dans un courrier adressé à la communauté universitaire, la rectrice Audrey Leuba espère encore que la force ne sera pas nécessaire pour déloger les occupants. "Aujourd'hui, je demande solennellement aux membres de la coordination étudiante pour la Palestine de respecter l'ultimatum qui leur a été donné et de libérer les locaux dans le calme".
L'UNIGE comprend "le soutien et la solidarité que le collectif manifeste envers les victimes du conflit de Gaza". Le rectorat précise toutefois que ce mouvement "doit respecter les règles de sécurité" et les limites légales. Le rectorat a considéré depuis le début l'occupation nocturne d'Uni Mail comme illicite.
La rectrice de l'UNIGE, dans sa lettre, s'est aussi inquiétée "d'une présence marquée de personnes extérieures l'université" au sein du mouvement. "Les logos de partis politiques, relayés par des banderoles ou des prises de parole, ont également fait leur apparition", a-t-elle constaté (lire encadré).
En fin de journée, un rassemblement a été organisé sur le parvis d'Uni Mail, organisé par la coordination étudiante pour la Palestine. Entre 300 et 400 personnes ont répondu à l'appel. Des slogans ont été entonnés, dont l'un demandant la démission d'Audrey Leuba.
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Rencontre de la dernière chance
Lundi, Audrey Leuba a discuté avec une délégation de la coordination étudiante pour la Palestine. Le dialogue n'a pas permis d'accorder les points de vue. Une étudiante ayant participé à la rencontre a déclaré que la rectrice leur avait annoncé qu'une évacuation des lieux serait ordonnée dans la soirée de lundi.
Les étudiants propalestiniens demandent notamment que l'UNIGE prenne position pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza et qu'elle mette fin à ses collaborations avec les universités et les instituts de recherche israéliens.
Depuis une semaine, plusieurs incidents, liés à cette occupation, ont éclaté. Des individus avaient arraché des drapeaux palestiniens accrochés aux murs, un groupe de défenseurs de l'Etat hébreu avait en outre perturbé une minute de silence dédiée aux victimes de Gaza. Enfin, une personne avait vidé un extincteur sur des militants.
vic/ami avec ats
Des voix dénoncent la politisation de l'occupation d'Uni Mail
Entre l'Université de Genève et les étudiants pro-Gaza, le dialogue s'envenime. Le rectorat dénonce une instrumentalisation politique du mouvement estudiantin: slogans ambigus, immixtion de partis politiques ou encore présence de non-étudiants. Cette politisation aurait même contribué à l'échec des négociations à Genève, entend-on sur place. A droite, des voix critiquent aussi la présence de slogans et de banderoles très politisées, qui dépassent la demande d'un cessez-le-feu à Gaza et d'un boycott académique des universités israéliennes.
Sur place à Uni Mail, plusieurs affiches et slogans controversés ont été recensés ces derniers jours par le rectorat: des logos de partis d'extrême-gauche, le logo du Front populaire de libération de la Palestine - organisation classée comme terroriste par l'Union européenne - ou encore une grande banderole avec le slogan "From the river to the sea, Palestine will be free", faisant référence à l'espace compris entre le Jourdain et la Méditerranée et souvent interprété comme niant de facto le droit à un Etat israélien. Le rectorat genevois a demandé le retrait de cette banderole, ce que les étudiants ont refusé de faire.
Majorité d'étudiants, mais pas que
Selon la RTS, la majorité des manifestants présents dans les locaux d'Uni Mail sont des étudiants. Certains sont affiliés à des partis de gauche et souvent engagés dans d'autres causes, comme la défense du climat et le féminisme. Mais on y rencontre aussi d'autres profils: des politiciens de gauche et d'extrême gauche, divers mouvements de soutien à la Palestine ou encore des féministes musulmanes, parmi d'autres. Selon le rectorat de l'Université, certains d'entre eux ont pu s'introduire dans le bâtiment malgré l'instauration de contrôles d'identité.