La communication au sein de l'Etat de Genève est déficiente, selon la Cour des comptes
Qui sont les communicants de l'Etat de Genève? Quel est leur rôle? La Cour des comptes s'est penchée sur ces questions après l'affaire Fischer, l'ex-conseillère d'Etat épinglée pour avoir utilisé des ressources publiques lors de sa campagne électorale en 2023.
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Les activités de communication de l'administration ont été passées à la loupe. "Il y a un manque de transparence quant à la communication. Tout d'abord, c'est très difficile de savoir combien de personnes effectivement font de la communication. Il n'y a pas non plus d'analyse dans la comptabilité publique qui permet de savoir combien on dépense pour la communication", explique dans le 12h45 François Paychère, magistrat à la Cour des comptes.
Celle-ci a envoyé un questionnaire aux employés. Résultat: 133 collaborateurs et collaboratrices consacrent plus de 10% de leur temps de travail à des activités de communication, soit l'équivalent de 64,9 emplois à temps plein.
On a l'impression d'avoir sept baronnies, à savoir sept conseillers d'Etat, qui mettent en avant leur propre politique
Mais le Conseil d'Etat conteste la méthodologie de la Cour des comptes. Il estime que 34,5 emplois à temps plein sont consacrés par l'administration cantonale à des activités de communication publique. Quant à la question des conseillers personnels, il relève que la Cour ne constate aucune mauvaise utilisation des ressources publiques et que leur statut a été décidé par le Grand Conseil.
Pas d'image cohérente de l'Etat de Genève
Le gendarme de l'administration genevoise constate également que la communication publique est principalement portée par les sept départements, ce qui nuit à la promotion d'une image cohérente de l'Etat de Genève. A titre de comparaison, l'information est centralisée par la chancellerie dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel.
"Ce qui caractérise le canton de Genève, c'est qu'au lieu d'avoir mis en avant l'Etat, on a l'impression d'avoir sept baronnies, à savoir sept conseillers d'Etat, qui mettent en avant leur propre politique", relève encore François Paychère.
Un cadre légal à adapter
La Cour des comptes estime encore que le statut de conseiller personnel des magistrats est particulièrement ambigu. Dans la loi, rien ne précise leur rôle pendant la période électorale bien qu'ils soient payés par les deniers publics. Et les pratiques diffèrent selon les départements. En d'autres termes: le cadre légal n'interdit pas de manière claire l'utilisation abusive de moyens administratifs à des fins privées.
L'organe de contrôle précise que le risque est particulièrement important au sein des états-majors qui travaillent directement avec les magistrats en période électorale. Il estime qu’un cadre légal clair permettrait d’interdire ces abus.
Sujet TV et radio: Guillaume Martinez et Miguel Hernandez
Adaptation web: France-Anne Landry