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La richissime famille indienne Hinduja condamnée à de la prison ferme par la justice genevoise

La richissime famille indienne Hinduja a été condamnée par le Tribunal correctionnel de Genève à de la prison ferme pour usure par métier
La richissime famille indienne Hinduja a été condamnée par le Tribunal correctionnel de Genève à de la prison ferme pour usure par métier / 19h30 / 2 min. / le 21 juin 2024
Le Tribunal correctionnel de Genève a prononcé vendredi des peines de prison de 4 ans et demi et 4 ans contre les membres de la richissime famille indienne Hinduja pour usure par métier, sans toutefois retenir la traite d’êtres humains. Les avocats de la défense ont annoncé qu'ils faisaient appel.

Le patriarche Hinduja de 79 ans et sa femme de 75 ans ont été condamnés à quatre ans et demi de prison. Leur belle-fille de 50 ans et leur fils de 56 ans ont écopé de quatre ans de prison. Aucun d'entre eux n'a assisté à l'audience de jugement.

Les avocats de la défense ont annoncé dans un communiqué qu'ils faisaient appel, affirmant: "La famille a pleinement confiance dans le processus judiciaire et reste persuadée que la vérité triomphera".

Le tribunal a considéré que les employés de maison indiens qui étaient au service de la famille Hinduja dans la maison qu'elle possède à Cologny n'ont pas été contraints de venir travailler en Suisse. Ils savaient à quoi s'attendre en se rendant sur les bords du Léman.

En revanche, ils percevaient des salaires dérisoires, même en tenant compte du fait qu'ils étaient nourris et logés. Leur liberté de mouvement était réduite. Leurs passeports étaient détenus par les Hinduja. Ils dormaient dans une pièce au sous-sol de la maison, sans lumière du jour et qu'on ne pouvait aérer qu'en ouvrant la porte.

Disproportion de salaire "extrême"

Pour les juges, la famille Hinduja a abusé de manière caractérisée de la situation de faiblesse de ces employés indiens, qui étaient pour certains illettrés. Leur salaire en roupie indienne était versé en Inde. Il se montait en moyenne à 325 francs par mois. En ajoutant les avantages en nature, il oscillait entre 1000 et 1400 francs.

Par rapport aux usages en Suisse, cette disproportion de salaire est "extrême", relève le tribunal. Ce dernier a calculé qu'en exploitant de la sorte leur personnel domestique indien à leur service à Cologny, les Hinduja ont pu s'enrichir de 2,5 millions de francs sur une période allant de juin 2009 à avril 2018.

>> Les précisions de Fabiano Citroni dans Forum :

La richissime famille indienne Hinduja condamnée à de la prison ferme par la justice genevoise (vidéo)
La richissime famille indienne Hinduja condamnée à de la prison ferme par la justice genevoise (vidéo) / Forum / 4 min. / le 21 juin 2024

Le tribunal a souligné à plusieurs reprises que les Hinduja ont obtenu la nationalité suisse. En tant que citoyens helvètes, ils ont agi en toute connaissance de cause. De plus, ils étaient entourés de conseillers au fait des règlements. Ils ne pouvaient pas s'abriter derrière des pratiques indiennes. "Leur faute est très lourde".

Les juges ont aussi condamné les Hinduja au paiement d'une créance compensatoire de 850'000 francs. Une somme qui doit permettre d'indemniser les employés lésés et qui s'ajoute à la convention que les prévenus ont passée durant le procès avec les parties plaignantes dans le but de réparer les torts qu'elles ont subis.

>> Sur le sujet, lire : Au procès Hinduja, à Genève, les milliardaires passent un accord financier avec leurs anciens employés

agences/juma

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Une demande d'arrestation

Les parents Hinduja n'ont pas pris part à leur procès, invoquant des raisons de santé. En revanche, le fils et la belle-fille étaient présents depuis le début des débats. Ils ont uniquement fait faux bond, vendredi, à l'heure du verdict. Le premier procureur Yves Bertossa a réclamé au tribunal leur mise en détention.

Selon leurs avocats, les deux plus jeunes se trouvent actuellement à Monaco au chevet de la plus âgée. Celle-ci a été placée aux soins intensifs, ont-ils indiqué.

Le tribunal a considéré que la demande de mise en détention du Ministère public ne se justifiait pas. Le couple à ses attaches en Suisse et le risque de fuite est minime.