Le gouvernement genevois lance sa campagne pour le oui à la baisse de l'impôt sur le revenu
La baisse sera de 8,8% pour les personnes avec les plus bas revenus imposables et de 5,3% pour contribuables qui disposent des revenus les plus élevés, a indiqué mercredi devant les médias la PLR Nathalie Fontanet, présidente du Conseil d'Etat et ministre des Finances. Elle s'élèvera jusqu'à 11,4% pour la tranche de revenu imposable allant de 76'812 à 125'793 francs. La baisse moyenne sera de 8,7%.
En comparaison intercantonale, "Genève restera largement dernière du classement pour les très hauts revenus. On est loin du paradis fiscal dénoncé par les opposants", a souligné la conseillère d'Etat. Inscrite dans le programme de législature 2023-2028 du gouvernement, cette réforme vise à redonner du pouvoir d'achat à la population.
La baisse fiscale fera perdre 326 millions de francs de recettes au canton et 108 millions aux communes. Un projet de loi prévoit de permettre à ces dernières de constituer une réserve conjoncturelle afin de pouvoir présenter des budgets déficitaires.
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Moment opportun
Mardi, les partis de droite, favorables au projet, ont lancé leur campagne. Il est temps de penser à ceux qui se lèvent tôt et qui n'ont pas d'aide, a relevé le président de l'UDC Genève Lionel Dugerdil. "Pour une fois, on offre quelque chose à la classe moyenne, qui souvent paie, mais ne reçoit rien", a pour sa part insisté le président du Centre Genève Philippe Rochetin.
Les intervenants ont rappelé que l'Etat de Genève a connu des derniers exercices fastes. Ils estiment que le moment est opportun pour proposer cette baisse d'impôt sur le revenu. "Si on ne le fait pas aujourd'hui, quand pourra-t-on le faire?" s'interroge le secrétaire général du Parti vert'libéral Michel Roche.
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S'écarter du modèle français de fiscalité
Ce dernier insiste sur la perte de pouvoir d'achat que subit la classe moyenne, avec les hausses des primes d'assurance maladie et la persistance de l'inflation. Selon lui, cette baisse d'impôt est une façon de redonner à cette catégorie de la population "une bouffée d'oxygène pour qu'elle puisse consommer local".
Grâce à ce projet, Genève va se rapprocher de la fiscalité suisse, note de son côté le président du MCG François Baertschi. "Nous allons pouvoir nous écarter de notre modèle inspiré par la fiscalité française, à savoir des impôts au maximum". Genève restera malgré tout le canton "qui taxe le plus les riches" selon lui.
Les hauts revenus bénéficieront des plus fortes réductions
La gauche, les Verts et les syndicats critiquent eux ce projet de baisse d'impôts, car ce sont les hauts revenus qui bénéficieront des plus fortes réductions. Les opposants dénoncent aussi les pertes fiscales massives que cette diminution entraînera, et qui conduiront selon eux à des coupes dans les dépenses de l'Etat et des communes.
"Cette baisse d'impôts charge beaucoup trop la barque, concerne tout le monde, y compris les revenus élevés à très élevés, et menace un certain nombre de prestations à la population", a récapitulé jeudi dans La Matinale de la RTS le président du Parti socialiste genevois et député au Grand Conseil Thomas Wenger. Il craint que dès l'arrivée d'une période de vaches maigres, "la droite demande des coupes dans les prestations".
"Il faut revenir avec une autre baisse d'impôts qui soit ciblée sur la classe moyenne et moyenne inférieure, mais qui ne baisse pas les impôts pour les personnes les plus aisées du canton", plaide-t-il.
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ats/Vincent Cherpillod