Suite à la mise en oeuvre de la loi cantonale "Pour une imposition écoresponsable et équitable des véhicules motorisés", acceptée en mars dernier en votation, des propriétaires de voitures genevois ont eu un choc en recevant le montant de leur impôt automobile 2025. Pour certains véhicules, la taxe grimpe de 500%.
Alors que le Grand Conseil avait validé la loi présentée au peuple, beaucoup de députés n'ont pas vu venir cette hausse massive. Le Conseil d'Etat genevois va désormais "reprendre en main" le dossier et "revoir la loi", a indiqué mercredi la présidente du gouvernement cantonal Nathalie Fontanet.
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A qui la faute?
Au sein du Grand Conseil, la responsabilité de ce cafouillage divise. Interrogés dans le 19h30 de la RTS, certains députés dénoncent une loi "inaboutie", tandis que d'autres estiment que le Grand Conseil aurait dû être "plus consciencieux en amont".
L'administration cantonale est également pointée du doigt. Certains députés membres de la commission fiscale qui a rédigé la nouvelle loi sur la taxe auto assurent que les autorités ne leur ont pas transmis tous les chiffres pour anticiper ces hausses massives.
"C'est totalement une nouvelle Genferei et on cherchera à savoir qui sont les responsables", promet pour sa part le député UDC Michael Andersen.
Spécificité genevoise
Ce n'est pourtant pas la première fois que le Grand Conseil est surpris des conséquences de ses propres votes. Il s'agit même de la troisième fois en une année. Avant la taxe auto, les députés avaient en effet rétropédalé concernant l'assistance au suicide en EMS et les subventions pour les TPG.
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"Ce sont des cas très différents", rétorque la députée PLR Céline Zuber-Roy. Pourtant, certains de ses collègues évoquent une spécificité genevoise. "C'est un peu la marque de fabrique du canton de croire des choses et de retomber sur la réalité de temps en temps", affirme l'UDC Yves Nidegger.
"On a des tendances un peu françaises, consistant à privilégier le débat et l'animation plutôt que la prise en compte des vraies préoccupations des gens", estime quant à lui le conseiller d'Etat Pierre Maudet.
Absence de consensus
Pour le journaliste de la Tribune de Genève Rachad Armanios, observateur aguerri des débats genevois, les rapports de force très virulents et les stratégies politiques peuvent expliquer les quelques cafouillages.
"Ce qui m'étonne souvent, c'est l'espèce de consensus mou que l'on peut trouver dans d'autres cantons où tout le monde s'entend", dit-il. "La gauche et la droite se tiennent par la barbichette et on fait passer des choses. Et ce n'est pas toujours forcément non plus le débat citoyen qui en sort gagnant".
Au pays du consensus, le Grand Conseil genevois reste une exception. Là, plus qu'ailleurs, on revient sur ses propres décisions.
Guillaume Martinez/edel