Modifié

Le profil du nouveau directeur du centre genevois de détention Favra interpelle

Le parcours du nouveau directeur du centre de détention de Favra à Genève suscite la controverse
Le parcours du nouveau directeur du centre de détention de Favra à Genève suscite la controverse / Forum / 2 min. / le 8 mai 2024
L'inquiétude persiste autour du centre de Favra. L'année dernière, un suicide avait braqué les projecteurs sur les conditions de détention des personnes en attente de renvoi. Le profil du nouveau directeur vient s'ajouter à la liste des préoccupations des associations et des organismes de surveillance.

Le parcours professionnel de l'homme qui est à la tête de Favra depuis le 1er avril dernier interpelle les observateurs du centre. Ils soulignent qu'il n'a ni formation, ni expérience dans le milieu carcéral, du social ou de l'asile. Il vient du domaine commercial et travaillait auparavant dans le secteur automobile.

Son profil hors du sérail lui a valu d'être recalé il y a un peu plus d'un an d'un poste à responsabilités dans une prison genevoise. Aujourd'hui, l'Etat l'a choisi pour diriger Favra. Selon les informations de la RTS, il a été préféré à d'autres personnes plus expérimentées. Cette décision inquiète les associations ainsi qu'à l'interne de l'Office cantonal de la détention.

Poste sensible et scruté

Le centre de détention de Favra est décrié depuis sa création il y a 10 ans. Il y a un an, un tribunal genevois estimait que les conditions de détention étaient légales, mais problématiques. Selon des organismes qui visitent régulièrement Favra, la situation a peu changé. Ils reconnaissent que l'accès à Internet a été instauré, mais soulignent que le bâtiment reste insalubre, l'accès à l'extérieur restreint, que plusieurs occupants sont en détresse psychologique.

Un constat corroboré par plusieurs détenus contactés par la RTS. Un d'eux confie que Favra est "pire que Champ-Dollon", la plus grande prison du canton, en surpopulation chronique. Il faut rappeler que Favra est destiné à des migrants en attente de renvoi, et non à des condamnés qui purgent une peine.

Le profil non spécialisé du nouveau directeur fait notamment craindre pour les conditions de vie des détenus. Une source à l'interne de l'office cantonal de la détention souligne que la détention administrative est complexe, même pour les gens du milieu, car c'est un domaine exposé politiquement et qui concerne des situations de vie fragiles.

Le co-président de la section genevoise de la Ligue suisse des droits humains, Marc Morel, estime que "le choix de ce profil est révélateur du manque de sérieux avec lequel les autorités traitent la situation, pourtant très grave, qui prévaut à Favra" et qui empirerait les conditions de détention.

Le meilleur candidat selon l'Etat

La conseillère d'Etat Carole-Anne Kast explique à la RTS que le nouveau directeur était la personne la plus adéquate pour ce poste parmi les candidats. Il paraissait comprendre au mieux les enjeux d'un établissement qui ne s'occupe ni d'exécuter des peines, ni de traiter des dossiers d'asile, puisqu'il s'agit d'une compétence fédérale.

La magistrate précise: "Son expérience diversifiée, son expérience de la vie, ses compétences dans le domaine managérial et dans le domaine du vivre ensemble nous ont convaincus."

Quant aux critiques sur les conditions de détention à Favra, Carole-Anne Kast estime qu'elles manquent de concret, puisque la justice a considéré qu'elles étaient légales. La magistrate ajoute que des améliorations ont été faites pour que la détention et le renvoi soient le moins pénibles possible.

Les associations souhaitent rencontrer rapidement le directeur. Ce dernier n'a pas répondu aux sollicitations de la RTS, n'étant pas autorisé à communiquer avant ses 100 jours de fonction.

Anouk Pernet et Camille Rivollet

Publié Modifié