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Les besoins en aide alimentaire ne cessent d'augmenter à Genève

Pic de précarité à Genève avec 4 millions de repas distribués en 2023: interview d’Aude Martenot
Pic de précarité à Genève avec 4 millions de repas distribués en 2023: interview d’Aude Martenot / Forum / 5 min. / le 11 avril 2024
A Genève, l'an dernier, l'aide alimentaire distribuée par l'association Partage a représenté l'équivalent de 3,9 millions de repas, soit 400'000 repas de plus qu'en 2022, selon l'organisme. Une situation qui s'explique par la hausse générale du coût de la vie, indique dans Forum Aude Martenot, auteure d'une étude récente sur l'aide alimentaire à Genève.

L'économie genevoise se porte bien. Pourtant, à la fin de l'année 2023, plus de 15'300 personnes par semaine bénéficiaient de l'aide alimentaire. Ce chiffre se rapproche du pic de fréquentation enregistré au plus fort de la pandémie de Covid-19. En juin 2020, le nombre de personnes aidées était de 15'800 chaque semaine, selon la Fondation Partage.

"Sans grande surprise, la pauvreté continue d'augmenter", précise dans Forum Aude Martenot, auteure d'une étude récente sur l'aide alimentaire à Genève. "C'est vrai que la pandémie a été un moment où la crise a été rapide et très visible. Mais de fait, ça faisait un moment que le nombre de personnes à l'aide alimentaire augmentait déjà dans les différentes associations de terrain. Et la tendance continue."

Hausse des prix des denrées alimentaires

C'est la hausse des prix des denrées alimentaires qui, aujourd'hui, touche durement de nouveaux pans de la population. Au point que pour certains, se nourrir devient une variable d'ajustement de leur budget, quitte à risquer de basculer dans la précarité alimentaire.

Mais pas que, comme le souligne Aude Martenot, qui met le doigt sur une augmentation générale du coût de la vie. "Il y a aussi la hausse des loyers, des primes d'assurance maladie, les problèmes liés à l'endettement... Tous ces facteurs font qu'il y a de plus en plus de gens qui ont besoin d'aide alimentaire."

Pour répondre aux besoins, la banque alimentaire a distribué plus de 2100 tonnes de produits de première nécessité. Les marchandises proviennent des collectes du Samedi du partage et des achats et des récoltes d'invendus qui sont rapidement redistribués car périssables, précise l'oeuvre caritative.

Lutte contre le gaspillage

L'association Partage se fixe comme objectif de fournir des aliments consommables plus longtemps, mais aussi d'intensifier la lutte contre le gaspillage alimentaire. Elle a mis en route "des ateliers de valorisation". Avec du pain sec et de fruits et légumes invendus, elle peut par exemple réaliser des cakes qui se conservent mieux.

En 2023, Partage a collaboré avec une cinquantaine d'institutions et a desservi 66 lieux où les personnes dans le besoin ont pu obtenir un appui alimentaire. Dans certains lieux on fournit des repas, dans d'autres on distribue des sacs de nourriture. Plus de 1800 bénévoles apportent leur soutien à ces actions.

Un problème de fond

Mais comme le souligne Aude Martenot, il faut maintenant aller plus loin. "Les manières d'agir sont diverses. Entre autres, les réponses de l'Etat existent. Mais aussi au niveau du privé. Il y a la question des prix, mais aussi des salaires. On sait qu'une grande partie des personnes travaillent. La question des salaires insuffisants et des contrats trop précaires pour s'acheter de la nourriture sont aussi un problème de fond dans cette situation de précarité alimentaire."

fgn avec ats

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