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Les enseignants manifestent à Genève contre deux heures de cours supplémentaires

Deux heures de cours en plus fâchent les enseignants de Genève. [Keystone - Martial Trezzini]
Deux heures de cours en plus fâchent les enseignants de Genève / Le Journal horaire / 21 sec. / le 1 février 2024
A Genève, plus d'un millier de personnes ont manifesté jeudi soir contre une mesure du Conseil d'Etat qui vise à augmenter dès 2027 de deux périodes le temps d'enseignement des maîtres du cycle d'orientation. "Quel mépris!" ont scandé les enseignants venus en nombre.

Rassemblés devant l'Hotel-de-Ville où se tenait une séance du Grand Conseil, les manifestants ont copieusement hué et sifflé les élus. "Pas d'économies sur l'éducation!" a martelé la foule. Trop dense pour rester devant le Grand Conseil, la manifestation s'est ensuite déplacée sur la Treille.

Le Conseil d'Etat veut augmenter les heures à donner face aux élèves, mais ne précise pas ce qu'il faudra enlever à côté pour ne pas à avoir à travailler plus, dénonce la Fédération des associations de maîtres du CO (Famco), à l'origine de la mobilisation. "Nous défendons la solidarité du corps enseignant", a relevé Emmanuelle Métry, membre du bureau de la Famco.

En perdant des heures de préparation et de correction, les enseignants craignent pour la qualité des cours. "Voilà l'école que la droite veut nous imposer", a relevé Mme Métry. Les manifestants défendent "un cycle d'orientation de qualité".

La mesure d'économies contestée figure dans le Plan financier quadriennal (PFQ) 2024-2027 élaboré par le gouvernement. La moitié des 13 millions que ce nouvel horaire pourrait dégager serait allouée à la mise en œuvre d'une réforme du cycle, notamment dans le soutien aux élèves en difficulté. L'autre moitié permettrait la réalisation d'une économie.

Préavis de grève

Selon le Conseil d'Etat, cette mesure permettrait de rapprocher Genève de la moyenne du temps d'enseignement des autres cantons. Il s'agit aussi d'une alternative à un projet de loi PLR qui propose d'augmenter le temps d'enseignement de six périodes. Ce texte pourrait être discuté lors de la prochaine session du Grand Conseil.

La manifestation lance le début des mesures de lutte. Un préavis de grève d'une semaine à partir de lundi a été déposé. Afin de pouvoir tenir les évaluations communes (evacom) préparées depuis plusieurs semaines, les directions d'établissement doivent organiser la réquisition du personnel, indique le Département de l'instruction publique (DIP).

Sanctions

Le DIP précise aussi que la mesure prévue dans le PFQ ne peut être gelée. "Elle ne doit être mise en œuvre qu'à partir de 2027, ce qui devait laisser le temps de mener des discussions", ajoute le DIP. "A ce stade, il ne tient qu'à la Famco de retirer son préavis de grève", ajoute le DIP.

Par ailleurs le département va prendre des sanctions contre des enseignants qui ont utilisé les adresses des parents d'élèves pour envoyer une lettre relayant l'appel à manifester. Les sanctions peuvent être financières, administratives ou éventuellement pénales pour violation du secret de fonction.

"Anne II"

Cette fronde des enseignants est la première contestation d'importance que doit gérer la nouvelle conseillère d'Etat PLR Anne Hiltpold. Elle avait repris le DIP, auparavant aux mains de magistrats socialistes. Elle a succédé à Anne Emery-Torracinta, ce qui lui vaut le surnom d'Anne II. Parmi les slogans brandis par les manifestants: "Anne II: quitte ton trône et viens nous voir en classe".

ats/miro

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