Un crédit de plus de 262'000 francs voté par le Conseil municipal a permis de réaliser des analyses pédologiques, liées aux strates du sous-sol, et taphonomique, liées aux facteurs qui influencent la dégradation des corps. Premier constat: les résultats n'ont révélé aucune pollution inquiétante dans les trois cimetières de la ville: Saint-Georges, Châtelaine et Petit-Saconnex.
En revanche, ces études ont montré que les couches les plus profondes (de 60 cm à 170 cm) sont les moins favorables à une bonne décomposition des corps, car leur teneur en limon et en argile y est importante.
Corps enterrés trop profondément
Pour une décomposition optimale, les corps devraient être enterrés à moins de 50 centimètres de profondeur. Or, la loi genevoise actuelle exige une profondeur d’inhumation d’au moins 1,60 mètre. Face à ce constat, la Ville envisage de modifier la loi pour ajuster la profondeur d’inhumation et utiliser des matériaux favorisant la décomposition.
"Il y a aussi un appauvrissement de l'écologie nécrophage", a relevé Vincent Varlet, responsable de l'unité de taphonomie au Centre universitaire romand de médecine légale.
Cette situation pose un double problème à la Ville: le manque d’espace et le respect de la dignité des défunts et de leurs familles.
Aérer les sous-sols
Les spécialistes ont émis des recommandations pour améliorer la santé des cimetières. Le Conseil administratif, qui y adhère, a pris des mesures. Il favorisera l'aération des sous-sols en intégrant des matériaux plus propices à la décomposition des corps et étendra l'interdiction des pesticides à l'entretien des tombes. La Ville privilégiera aussi la pose de monuments funéraires verticaux.
En 2023, 2817 incinérations ont été effectuées en Ville de Genève, contre 480 inhumations. La Municipalité restera également attentive aux techniques alternatives de décomposition des corps, comme l'"humusation", qui consiste à métamorphoser les dépouilles humaines en terreau fertile. Cette pratique, qui nécessite encore une réflexion scientifique et éthique, est actuellement interdite en Suisse.
ats/miro
Un "quartier naturel" dans le cimetière de Châtelaine
La Ville de Genève prévoit également un autre projet, la création d’un quartier naturel au sein du cimetière de Châtelaine. "Ce projet pilote se veut plus respectueux de l'environnement et du cycle de la vie", a indiqué lundi Christina Kitsos, conseillère administrative de la Ville de Genève, en charge du Département de la cohésion sociale et de la solidarité.
Dans cette zone réservée, les personnes qui souhaitent y reposer ou leur famille devront s'engager à respecter certains principes. Parmi ceux-ci: le port de vêtements biodégradable et l'utilisation de fournitures funéraires écologiques (cercueils en bois indigène non vernis). Les ornementations végétales des surfaces devront être réalisées avec des plantes indigènes et vivaces.
Les pierres tombales devront provenir de Suisse ou des pays voisins et seront de taille réduite pour éviter notamment la compaction excessive du sol. Enfin, la profondeur d'inhumation passera de 1,7 mètre à 1,2 mètre afin de favoriser le processus l'altération des corps. Une dérogation a été accordée par le canton sur ce point. Le quartier "naturel" accueillera plus d'une cinquantaine d'emplacements. Son inauguration est prévue au printemps 2025.