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Nouveau rebondissement dans l'affaire du sabotage d'une gravière Holcim à Genève

Manifestations en faveur de la libération de Jérémy devant le palais de justice genevois, vendredi 2 juin. [KEYSTONE - SALVATORE DI NOLFI]
Nouveau rebondissement dans l'affaire du sabotage d'une gravière Holcim à Genève / La Matinale / 1 min. / hier à 06:18
Accusé d'avoir saboté et mis le feu à une gravière du cimentier Holcim à Genève, un jeune militant avait dû donner des prélèvements ADN. Ces derniers, qui ont conduit à son arrestation, sont illégaux, a estimé le Tribunal fédéral.

Les faits remontent à une nuit de janvier 2022. Un jeune militant écologiste de 24 ans avait été accusé d'avoir endommagé plusieurs véhicules et mis le feu à une gravière du cimentier Holcim à Genève. Au mois de mars 2023, Jérémy* a été arrêté et enfermé au centre pénitencier genevois de Champ-Dollon.

Après presque trois mois de détention provisoire en raison du risque de collusion évoqué par le Ministère public, il avait été libéré en juin 2023. Lors d'une audience, la Chambre pénale de recours avait écarté le recours déposé par Me Olivier Peter, l'avocat du prévenu, contre l'exploitation de cette preuve ADN. En effet, pour la défense de Jérémy*, la légalité des prélèvements ADN posait un problème, car son profil avait été établi lors d'une autre affaire dans laquelle il était impliqué. Le Tribunal fédéral avait donc été saisi par son avocat.

Manque de transparence dans l'enquête

Comme le rappelait Le Temps dans son article de juin 2023, l'ADN du militant avait été prélevé lors d'une affaire de tag remontant à 2022 dans une gravière à Laconnex. Mais la conservation de sa signature ADN n'ayant pas été communiquée à sa défense, cette dernière y avait alors vu une preuve illégale.

Selon l'avocat, la détention aurait été fondée sur une série de "preuves récoltées illégalement" notamment à cause des opinions politiques du prévenu. En plus du problème de l'ADN, l'identification de Jérémy* à l'origine de sa convocation a été faite avec des images d'une caméra de vidéosurveillance sans autorisation de filmer l'espace public. Ces images illégales auraient également dû être écartées du dossier, selon son avocat.

Un arrêt du Tribunal fédéral donne raison à la défense

Selon des informations obtenues en exclusivité par la RTS, le Tribunal fédéral a donné raison à la défense dans un arrêt, qui n'est pas encore rendu public. L'ordonnance de conservation du profil ADN a été annulée et il doit donc être effacé de la banque de donnée nationale. Pour l'avocat de Jérémy*, Me Olivier Peter, le Ministère public devrait désormais classer la procédure.

Ce dernier a ajouté que cette décision "confirme que la détention de Jérémy* était totalement arbitraire. Il a passé trois mois en prison sur la base d'une unique preuve complètement illégale". Il a également enjoint les autorités genevoises à clarifier les "circonstances de ces violations gravissimes des droits d'un prévenu", suspectant une surveillance et un fichage illégal de la part de la police genevoise. Le Ministère public genevois n'a pas répondu aux demandes de la RTS.

*Prénom d'emprunt

Sujet radio: Mohamed Musadak

Texte web: Gaël Itim

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